En 60 ans, la consommation de soins et biens médicaux a été multipliée par 3,5 !

Depuis 1950, les dépenses de santé ont fortement augmenté. En effet, une étude de la DRESS parue le 26 juillet 2017 nous révèle qu’en soixante ans la part de consommation de soins et biens médicaux (CSBM) dans la richesse nationale a été multipliée par 3, 5. 

 

Entre 1950 et 2015 la part de consommation de soins et biens médicaux dans le PIB est passée de 2,5% à 8,9%

Le part de consommation de soins et biens médicaux (CSBM) est passée de 2,5% à 8,9% du PIB. En parallèle, l’état de santé de la population s’est amélioré : à titre d’exemple l’espérance de vie durant cette période a progressé de seize années. 

L’étude révèle que la croissance du prix de la CSBM a progressé moins vite que celle du PIB, rendant sa multiplication par 3,5 plus impressionnante. En effet le prix de la CSBM a progressé de 4,1% par an en moyenne, tandis que le prix du PIB a, lui, augmenté de 4,6%. Sur ce point, on remarque que c’est la décroissance continue du prix des médicaments par rapport au PIB qui a compensé la dynamique des prix des soins de ville et des soins hospitaliers qui ont, eux, augmenté. 

 

Progression de 4,4 points de la part du CSBM dans le PIB, entre 1950 et 1985

Entre 1950 et 1985, la part du CSBM a augmenté de 4,4 points. 

Cette croissance a été stimulée par la dépense en soins hospitaliers qui a augmenté de 16% par an. En 1982, elle représentait 55% de la CSBM. A cette époque, de nombreux programmes de construction d’hôpitaux étaient mis en œuvre. De plus, une profonde transformation du système hospitalier a été enclenchée. L’hôpital est petit à petit devenu le pilier du système de santé. 

Les soins de villes ont, eux, augmenté de 15% par an durant cette même période. Cette croissance s’explique en partie par une hausse des effectifs : la densité de médecins a en effet été multipliée par trois entre 1950 et 1985. 

La part des médicaments a, quant à elle, progressé de 14% par an. 

 

Progression de 2,0 points de la part du CSBM dans le PIB, entre 1985 et 2015

Le remplacement des plans de financement de la Sécurité social par les lois de financement de la Sécurité sociale (LFSS) a eu pour effet de réduire la croissance de la CSBM. En effet, les LFSS ont pour objectif de limiter la croissance des dépenses de santé. A titre d’exemple, différentes mesures d’économie mises en œuvre dès 2005 prévoyaient, entre autres, une baisse de prix de certains médicaments. 

La part des dépenses de santé a ainsi stagné entre 1986 et 1988, puis reculé entre 1995 et 2000 et entre 2004 et 2007. Elle a augmenté en 1993, au début des années 2000 et en 2009. 

Au total elle n’a progressé que de 2,0 points entre 1985 et 2015. 

De manière plus précise, la dépense hospitalière a baissé durant cette période, revenant à son niveau de 1950 (elle était de 46% en 2005, puis de 47% en 2015). 

La part des médicaments a augmenté jusqu’en 2001 (22%) puis a diminué jusqu’en 2015 (elle représentait alors 15% de la part du PIB) du fait de baisses importantes du prix des médicaments et des actions de maîtrise médicalisées. 

Les soins de ville ont progressé au même rythme que la dépense hospitalière et les médicaments. 

Enfin, les dépenses d’autres bien médicaux et de transports sanitaires ont, elles, rapidement progressé (+8,4% par an) stimulées par l’innovation thérapeutique. En 2015 elle représentait 10% de la CSBM. 

 

En 2015, la part de l’assurance maladie dans le CSBM représentait 77%

L’assurance maladie a été créée en 1946 et le développement de sa couverture s’est poursuivi jusqu’en 1980. 

Initialement dédiée aux salariés, elle a ensuite couvert de plus en plus de ménages (via les régimes d’assurance maladie des exploitants agricoles et des indépendants). En 1978 sa couverture était élargie à tous les résidents. 

En 1950, la part de la CSBM financée par la Sécurité sociale était de 51%, elle a ensuite atteint son plus haut point (80%) en 1980. 

Ce développement de la Sécurité sociale a été suivi d’une diminution de la part des dépenses des ménages et de l’Etat, passant respectivement de 31% et 12% en 1950 à 12% et 3% en 1980. 

Entre 1980 et 1990 des mesures de limitation des dépenses (dont le plan Séguin) faisait reculer le financement par l’assurance maladie. 

Ensuite, jusqu’en 2015, la part de l’assurance maladie dans la CSBM se stabilisait autour de 77%. 

 

Baisse des dépenses des ménages grâce à la complémentaire santé généralisée

L’étude s’intéresse aux organismes complémentaires : les mutuelles, les sociétés d’assurance et les institutions de prévoyance. En effet, ces derniers financent également une partie de la dépense santé. 

Entre 1960 et 1980, la part des personnes couvertes par une complémentaire santé progresse de 31% à 69%. Au départ, seuls les salariés des grandes entreprises ou ceux ayant des revenus importants étaient couverts. 

Entre 1980 et 1990 la complémentaire santé se diffuse dans la population. 

Enfin dans le début des années 2000 les ménages bénéficient d’une aide pour accéder à une complémentaire santé, via la CMU-C (la couverture maladie universelle complémentaire) en 2000 et une aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS). 

En 1994, on dénombrait 83% de personnes couvertes par un contrat complémentaire. En 2012 ils étaient 95%. Le financement de la dépense de santé par les organismes complémentaires est alors passé de 10,4% à 13,4% de la dépense entre 1990 et 2010. 

Entre 2010 et 2015, cette part diminue sous l’effet de facteurs tels que les mesures de déremboursement des médicaments ou la limitation de certaines garanties telles que l’optique médicale. 

Les assurances maladie complémentaires financent entre 1950 et 2015, 2% à 3% des soins hospitaliers. Leur participation dans le financement des autres postes est répartie comme telle : en 1990 leur participation dans la dépense des soins de ville était stable (12,5%), elle a ensuite diminué en fin de période pour atteindre les 11,2% en 2015. Ceci est dû à une limitation des dépassements d’honoraires et de leur possibilité de prise en charge par des contrats responsables. 

La part des complémentaires santé dans la dépense des médicaments est passée de 12,7% en 1997 à 7,2% en 2015. Cette baisse est due, en partie, à la progression de la part des médicaments remboursables à 100%. 

Le développement des prestations versées par les institutions de prévoyance était, entre 1950 et 2015, de 6,5% par an. Celle des assurances était de 5,3% par an et enfin celle des mutuelles, de 4,3% par an. 

Entre 1990 et 2010, le développement des organismes complémentaires a permis une réduction de 2,1 points de la part du reste à la charge des ménages. Entre 2011 et 2015 cette part a diminué de 0,8 points. 

Depuis 1990, l’Etat finance moins de 1,5% de la dépense de santé. Le développement de la CMU-C augmente légèrement ce chiffre depuis le début des années 2000. 

 

Les soins de longue durée, grande part de la dépense courante de santé

La dépense courante de santé concerne l’ensemble des dépenses « courantes » hors dépenses d’investissement. 

Elle est constituée à 75% des dépenses de la CSBM. L’autre part est composée, entre autres, des soins de longue durée aux personnes âgées ou handicapées en établissement et des services de soins infirmiers à domicile. 

En 2015 cette dépense courante de santé représentait 12,0% du PIB contre 10,6% vingt ans plus tôt. 

Depuis 1995, la plupart des postes de cette dépense courante de santé connaissaient une croissance moyenne (entre 2% à 4% par an). Seuls les soins de longue durée ont connu une nette augmentation (+5,8% par an). Cette expansion est due au vieillissement de la population et au développement de la prise en charge du handicap. 

 

Vous trouverez ci-après la totalité de l’étude de la DRESS : 

 

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