Ehpad privés : les grands groupes concentrent l’offre mais affichent des tarifs plus élevés

Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) font l’objet d’une étude de la Drees qui analyse la place des grands groupes commerciaux dans ce secteur. Derrière l’intitulé « Les grands groupes commerciaux dans le secteur des Ehpad privés » se dessine un constat clair : ces opérateurs dominent le marché tout en pratiquant des prix supérieurs à la moyenne, pour un encadrement légèrement plus faible.

Cette étude offre un éclairage précis sur la montée en puissance des grands groupes d’Ehpad privés. Elle montre comment quelques acteurs concentrent une large part de l’offre, tout en imposant des tarifs plus élevés et en maintenant des niveaux d’encadrement légèrement inférieurs à ceux observés dans le reste du secteur.

Un quart des Ehpad mais plus de la moitié du secteur commercial

En 2022, la France compte 7 473 Ehpad offrant 615 090 places. Les structures privées à but lucratif représentent 24 % des établissements et 23 % des lits. Parmi elles, cinq grands groupes Clariane (ex Korian), Emeis (ex Orpea), DomusVi, Domidep et Colisée pèsent lourd : ils regroupent plus de la moitié des établissements privés lucratifs et concentrent 60 % des lits du secteur commercial, soit environ 83 540 places. Leur taille moyenne est supérieure (82 places par établissement, contre 70 pour les autres privés) et leur implantation résolument urbaine : 74 % de leurs établissements se situent en ville, contre 67 % pour les autres opérateurs.

Des prix plus élevés pour les places non subventionnées

L’étude révèle un écart de prix marqué entre les différentes catégories d’Ehpad selon l’habilitation à l’aide sociale à l’hébergement (ASH). Dans les établissements des grands groupes, une place habilitée coûte en moyenne 62,3 € par nuit, mais le tarif grimpe à 97,6 € pour une place non habilitée et reste très élevé même après neutralisation des différences de localisation ou d’équipement (92,6 € standardisé). Les autres Ehpad privés lucratifs pratiquent des prix inférieurs mais toujours élevés, avec 63,5 € pour une place habilitée, 88,6 € non habilitée et 84,8 € standardisé, tandis que le non lucratif et le public se situent nettement plus bas, autour de 63 € et 60 € pour les places habilitées et légèrement au-dessus pour les non habilitées. Ces données montrent que les grands groupes appliquent les tarifs les plus élevés du secteur et que l’écart entre places habilitées et non habilitées y est particulièrement marqué, créant une barrière financière pour les résidents qui ne bénéficient pas de l’ASH.

Un encadrement légèrement inférieur

Les établissements des grands groupes affichent un taux d’occupation plus faible (89 %, contre 93 % pour les autres privés et 97 % tous Ehpad confondus). Ils proposent davantage de chambres individuelles (90 pour 100 résidents, contre 83 chez les autres privés), mais l’espace par résident est plus restreint : 137 m² d’extérieur et 49 m² d’intérieur, contre respectivement 151 m² et 58 m². Le taux d’encadrement est également un peu plus bas (60,2 personnels pour 100 résidents, contre 62,7 dans les autres privés), avec une proportion d’aides soignants légèrement plus forte mais un nombre d’infirmiers plus réduit.

Des choix d’investissement ciblés

Côté équipements, 60 % des établissements des grands groupes disposent d’unités Alzheimer, mais seuls 16 % proposent un pôle d’activités et de soins adaptés (PASA), une proportion inférieure à celle observée dans les autres Ehpad privés. Ces choix d’investissement confirment un modèle qui privilégie l’hébergement standardisé plutôt que le renforcement des prises en charge spécialisées.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer
100 % Santé
Lire plus

Perte d’autonomie : les Français misent sur l’État et le maintien à domicile

La perte d’autonomie s’impose comme un enjeu majeur de santé publique dans un contexte de vieillissement rapide de la population. Pour éclairer les attentes des Français face à ce défi, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie les résultats d'une étude consacrée à la dépendance des personnes...

Dépendance : appel d’offres de la Caisse des Dépôts

La Caisse des Dépôts et Consignations a récemment lancé un appel d’offres portant sur "les risques de dépendance" de ses salariés de droit privé. Les informations sont à retirer à l’adresse suivante : https://www.marches-publics.gouv.fr/?page=Entreprise.EntrepriseAdvancedSearch&AllCons&id=2807013&orgAcronyme=s2d et les candidatures devront être formulées avant le 4 août prochain. Plus de détails : ...
PLFSS
Lire plus

La Mutualité croit encore et toujours à la dépendance généralisée

Quelques jours après les auditions réalisées par la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (MECSS) suivies de la publication du rapport des Hauts conseils sur le redressement durable de la sécurité sociale*, la Mutualité française diffuse une courte interview d'Eric Chenut, son président. Bien que...
Lire plus

Perte d’autonomie des personnes âgées : un enjeu d’avenir inévitable décrypté par la Drees

Le service statistique du ministère de la santé (la Drees) publie son panorama dédié à la perte d’autonomie et au handicap. L’étude se découpe en deux parties bien distinctes : l’une consacrée aux personnes âgées, l’autre aux personnes en situation de handicap. La partie qui concerne les personnes âgées est très instructive car offre une perspective sur l’avenir et les grands enjeux qui doivent être anticipés en termes de dépendance (enjeux qui auront bien du mal à être assumés par notre système de...