Du mouron à se faire pour le RSI

En prononçant en début de semaine sa petite phrase sur l’intérêt d’une absorption du RSI par le régime général, Emmanuel Macron n’imaginait sans doute pas provoquer le tollé qu’il a subi. Il faut reconnaître que, en dehors des indépendants, rares sont celles et ceux qui comprennent combien la calamité que représente le RSI est douloureuse. Emmanuel Macron, qui a toujours été salarié (dans le public comme dans le privé) n’échappe pas à cette règle d’ignorance. 

On ne dira jamais assez le séisme économique que les dysfonctionnements du RSI produisent sur le tissu de TPE et de PME françaises. Les rappels de cotisation souvent farfelus imposés par le RSI sont une plaie pour les chefs d’entreprise, dont certains sont obligés de renoncer à leur activité du fait d’une couverture sociale ubuesque. C’est le comble: les indépendants, qui ont toujours refusé le système de sécurité sociale obligatoire imposé à la société française en 1945, sont comme asphyxiés par les métastases d’un cancer qu’ils ont toujours combattus. 

Face aux errances du RSI, dont les tares sont bien connues (notamment le sous-dimensionnement initial de l’informatique), tout le sujet est de savoir désormais “comment en sortir?” Sur ce point, deux grands scénarios coexistent désormais. 

Le scénario de l’absorption

Ce scénario consiste, évidemment, comme l’a proposé Emmanuel Macron, à fondre les indépendants dans une catégorie spécifique du régime général et à ainsi achever le projet de régime universel conçu en 1945. Dès 1946, la mobilisation des indépendants avait bloqué ce projet et forcé le gouvernement de l’époque à maintenir des régimes spéciaux pour les indépendants. On voit bien comment la technostructure a désormais l’ambition de triompher de ces résistances ancestrales… 

Pour les indépendants, cette normalisation sera très coûteuse, dans la mesure où elle les diluera dans une masse de salariés dont les préoccupations sont très différentes. 

Le scénario de l’émancipation

Un autre scénario est envisageable: celui de l’émancipation, qui consisterait à lever l’obligation d’affiliation pour les indépendants. La loi pourrait revenir à “l’état de l’art” prévalant à 1940: les indépendants auraient l’obligation de s’assurer, mais ils seraient libres de choisir les garanties qui leur conviennent et l’opérateur d’assurance porteur de risques. Juridiquement, cette liberté reste à construire, mais elle est politiquement à portée de main, pourvu que les indépendants se mobilisent. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Une nouvelle représentante des exploitants au sein de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, nomme une représentante des exploitants et anciens exploitants au sein du conseil d’administration de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines. Il s'agit de Anne Thauvin qui est nommée en tant que membre titulaire du conseil d’administration de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines. Elle y représentera les exploitants et anciens exploitants, en remplacement de...
allocation sociale unique
Lire plus

Retraites : la Cour des Comptes plus réservée sur les solutions que sur le constat

La Cour des Comptes a rendu public, hier, le second des deux rapports, consacré au lien entre système de retraites d'une part et compétitivité et emploi d'autre part, que le Premier ministre François Bayrou lui avait commandés afin d'éclairer la négociation paritaire sur l'avenir des retraites, toujours en cours malgré son changement radical de format. ...

Aésio mutuelle renoue avec les bénéfices et finalise sa transformation

En 2024, Aésio mutuelle enregistre un chiffre d’affaires stable de plus de 2 milliards d’euros, dans un contexte économique marqué par l’inflation et des tensions structurelles sur les dépenses de santé. Après plusieurs années de pertes, la mutuelle boucle l’exercice sur un résultat net bénéficiaire de 15,3 millions d’euros, contre un déficit de 39,75 millions en 2023. Le...