L’affaire fait actuellement beaucoup parler d’elle, constituant un nouveau sujet de profond désaccord entre Emmanuel Macron et les syndicats de salariés : alors qu’une directive européenne visant à améliorer considérablement les droits attachés aux congés parentaux est actuellement en débat, la France a fait savoir qu’elle s’y opposerait. Une malheureuse passe d’armes qui en dit long sur la très singulière conception que l’exécutif se fait du droit des femmes.
Un projet favorable aux femmes
A priori, le projet de directive européenne est plus favorable aux parents qu’aux femmes. Il institue en effet la création, dans l’ensemble de l’Union, un congé paternité de 10 jours, un congé parental de 4 mois pour chaque parent indemnisé selon les règles d’indemnisation des arrêts maladie propre à chaque Etat et enfin, un droit à cinq jours de congés annuels pour le parent d’une personne gravement malade ou dépendante. En France, les syndicats de salariés qui ont demandé à Emmanuel Macron de ne pas s’opposer à ce projet ne s’y sont toutefois pas trompés : c’est bien la situation des femmes qu’il devrait améliorer. Dans une adresse commune au chef de l’Etat, ils ont en effet qualifié le texte de la Commission de “déterminant pour garantir l’autonomie économique des femmes”. De fait, ce sont essentiellement les femmes qui prennent un congé parental après la naissance d’un enfant.
Le macronisme comptable
Ces arguments syndicaux n’ont pas semblé avoir convaincu le Président de la République. Il estime que le coût de la mesure serait “insoutenable” pour les finances publiques. Il est vrai que l’application de la mesure supposerait de remplacer la PreParE – allocation dont on se demande bien à quoi elle prépare exactement puisque, versée par la CAF, elle est d’un montant de moins de 400 euros – par une indemnité journalière de 50 % du salaire – indemnité pouvant d’ailleurs être complétée par d’autres, versées par les régimes prévoyance et santé des salariés. Ainsi donc, ayant fait ses calculs, Emmanuel Macron a entrepris de bloquer le projet de directive pourtant fort bénéfique pour les femmes. A cette occasion, il n’a pas rechigné à s’allier avec l’Autriche et la Hongrie, dont, à cette occasion, les gouvernements souvent décriés comme étant très à droite sont subitement redevenus fréquentables.
D’invraisemblables schiappanneries
Bien évidemment priée de rendre compte de la position gouvernementale au sujet du projet de directive européenne, Marlène Schiappa, que l’on ne présente plus, s’est livrée à une explication tout à fait intéressante. Interrogée hier sur France Inter, elle a justifié le refus français du texte en affirmant : “Ce qu’on observe dans certains pays européens latins, c’est que quand on a des politiques familiales dites obligatoires, elles ont l’effet inverse”. Passons sur le fait que le projet de directive ne prévoit pas de rendre obligatoire le congé parental. Le plus curieux aspect du propos réside dans la soudaine aversion de Mme Schiappa pour les dispositions à caractère “obligatoire”. Il y a deux mois à peine, afin de promouvoir la sacro-sainte égalité salariale entre les hommes et les femmes, la même Marlène Schiappa avait en effet défendu une méthode reposant uniquement sur la contrainte.
Les femmes au travail !
Au total, il ressort de ce débat relatif à la directive européenne que la conception macronienne du droit des femmes repose essentiellement sur le fait que ces dernières n’ont le droit de revendiquer une voix au chapitre qu’à la seule et unique condition qu’elles participent au marché du travail. Toute femme qui souhaiterait s’émanciper du capital en fondant son développement personnel sur son rôle de mère ne mérite pas, d’après M. Macron, d’être soutenue par les pouvoirs publics. Gageons, hélas, qu’en promouvant cette conception fondamentalement libérale du droit des femmes, le Président de la République saura s’attirer les faveurs de la fraction, majoritaire, des “féministes” version Publicis.