BI&T le soutient depuis plusieurs semaines: les partenaires sociaux qui ont financièrement besoin des désignations pour équilibrer leurs comptes ne ménageront ni leur temps ni leur peine pour remettre en selle les désignations proscrites par le Conseil Constitutionnel. Bien entendu, cette opération de survie sera pratiquée au nom de la solidarité et de la défense du pot de terre contre le pot de fer (cette campagne de désinformation obligera tôt ou tard à citer des cas précis d’accords de branche où les petites entreprises sont rackettées pour équilibrer les déficits des grands comptes, et démonstration sera faite une fois de plus, que les grands donneurs de leçon sur la “protection des salariés” se comportent de façon consciente comme le bras armé du grand capital).
FO a le bon goût d’ouvrir cette campagne de préparation à des amendements au PLFSS par ce tir d’artillerie préparatoire, sous la plume de Philippe Pihet:
Depuis les ordonnances d’octobre 1945, la solidarité entre bien-portants et malades est organisée par les régimes de base de protection sociale.
Ces mêmes ordonnances reconnaissaient également l’existence des complémentaires en leur consacrant un article explicite.
Les garanties complémentaires ont en conséquence une existence déjà ancienne et combien tourmentée !
Les derniers épisodes, dont nous vivons encore les effets néfastes, rompent avec la solidarité organisée et bouleversent les modèles de fonctionnement de l’économie sociale comme des assureurs lucratifs.
La décision du Conseil constitutionnel d’en finir avec l’outil de la mutualisation pour la complémentaire santé produit également des effets sur la prévoyance complémentaire.
Fort de la signature des cinq confédérations, FO revendique l’instauration d’une solidarité organisée et obligatoire pour ce qui concerne la prévoyance complémentaire.
Aux postures de l’assurance lucrative qui cachent dans les faits un constat simple, faisant de la complémentaire un bien de consommation comme les autres, FO oppose le concept de convention collective et de solidarité, en d’autres termes de mutualisation des risques incapacité, invalidité et décès.
Notre revendication, portée dans les ministères et au parlement, est au service des salariés et uniquement des salariés, quels que soient les assureurs choisis.
Ces derniers ne sont que la « déclinaison opérationnelle » de l’accord collectif.
En portant cette revendication, nous sommes dans notre rôle syndical : améliorer la condition des salariés.
On s’amusera de retrouver encore une fois l’homélie habituelle sur les ordonnances de 45 et leur bénéfique solidarité. Mais si les ordonnances de 45 étaient si positives et bienfaisantes, pourquoi, en 2007, les syndicalistes de FO se sont-ils opposés à la disparition des régimes spéciaux nés du refus (exprimé par la CGT à l’époque) d’intégrer la sécurité sociale? Et pourquoi ont-ils alors combattu la dilution des cheminots dans les régimes instaurés par ces ordonnances de 45?
Mais peut-être y a-t-il un discours double à FO… l’un qui consiste à trouver les ordonnances de 45 si peu solidaires que la confédération leur préfère les régimes spéciaux, l’autre qui consiste à trouver ces ordonnances de 45 très solidaires et agréables lorsqu’elles permettent de financer des congrès… En tout cas, il faudra bien, là encore, tôt ou tard, remettre les pendules à l’heure sur ces discours mensongers qui vantent les mérites des ordonnances de 45, sauf pour les militants syndicaux qui bénéficient d’un système plus favorable (et financé par le salarié du privé moyen, cette vache à lait qui finance la solidarité pour tous les autres).
Mais bien spur, il suffit de dire qu’on veut “améliorer la condition des salariés” pour être absous de tout devoir de cohérence et de sincérité.