Les chiffres du chômage de mars sont tombés hier, et ils ne sont pas bons: la France a passé le cap des 3,5 millions de chômeurs indemnisés. En un an, la hausse est proche de 5%.
La reprise est partout, sauf dans les statistiques du chômage
Pour le gouvernement et le Président de la République, ce chiffre est évidemment une mauvaise nouvelle. Depuis plusieurs mois, le président de la République claironne que la reprise est en cours. Après une vague de plans sociaux annoncés comme une déferlante en avril, les chiffres de mars infirment la doctrine officielle et confortent une fois de plus les partisans d’une rupture forte, notamment aux extrêmes…
Plusieurs chiffres ne manquent pas d’inquiéter:
En un an, les premières entrées à Pôle Emploi ont augmenté de près de 6%. Ce chiffre souligne que les chômeurs indemnisés ne sont pas, plus qu’avant, des sortants d’un contrat à durée déterminée, mais des “insiders” protégés jusqu’ici, et désormais affectés par la révolution numérique. Les sorties pour reprise d’activité ont baissé de plus de 10%. Le marché du travail en France est donc frappé de plein fouet par les évolutions technologiques et les signaux se multiplient sur une inadaptation grandissante de la main-d’oeuvre aux nouvelles conditions de production.
Pour le gouvernement, cette évolution constitue un risque important: celui de voir le chômage s’enkyster malgré une (fragile) reprise économique, qui donnera le sentiment grandissant d’une France à deux vitesses.
Un bon argument pour remettre en cause le pacte de responsabilité?
Pour le MEDEF, ces chiffres ne constituent pas non plus une excellente nouvelle. Alors que Manuel Valls a affronté sa majorité pour imposer un pacte de responsabilité impopulaire, la contrepartie en emploi tarde à se faire sentir, et le président du MEDEF ne paraît guère impliqué dans la réalisation de la promesse. Une quinzaine de branches à peine a signé un accord sur le sujet plus d’un an après le lancement du projet.
La hausse ininterrompue du chômage présente désormais un risque fort: celui de voir le gouvernement rétro-pédaler sur le pacte de responsabilité et saisir le prétexte du chômage pour tailler dans le vif des annonces faites sur la loi de finances 2016.