Cette publication provient du site du syndicat de salariés CGT.
Les 27 et 28 août, à Bordeaux, une soixantaine de livreurs à vélo Deliveroo étaient dans la rue. Ils protestaient contre la fin des anciens contrats payés à l’heure. Désormais les “forçats du bitume”, selon leurs propres mots, seront tous payés 5 euros la course chez Deliveroo, une décision unilatérale communiquée aux travailleurs par téléphone et qui a pris effet le 28 août. Le syndicat CGT des coursiers à vélo de Gironde, créé en février 2017, avait appelé à manifester.
Dimanche, les coursiers à vélo avaient demandé aux restaurateurs de déconnecter leurs tablettes par solidarité. Lundi, au terme de la manifestation à vélo, les anciens de Deliveroo qui ne souhaitaient pas voir leur contrat rémunéré à l’heure transformé par avenant en paiement à la course sont venus rendre, en signe de protestation, l’encombrant cube vert Deliveroo devant le siège local de l’entreprise.
Pour rappel, Deliveroo a mis en place le paiement à la course depuis août 2016. Mais les travailleurs indépendants embauchés avant cette date étaient jusqu’alors sous des contrats rémunérés à 7,50 euros de l’heure plus une part variable située entre 2 et 4 euros la course. La perte financière, qui concerne une centaine de coursiers de Bordeaux sur 1000 travailleurs, s’élève en moyenne à 400 euros par mois par coursier. Face à l’augmentation de la main d’œuvre, Deliveroo ne se gêne donc pas pour durcir ses conditions. Après la suppression de la prime de pluie, les nouveaux contrats imposent d’ailleurs le travail le week-end.
Créé depuis Février dernier par 5 livreurs à vélo, le syndicat CGT des coursiers à vélo, qui compte désormais 15 adhérents, réclame le paiement à la course à 7,50 euros avec deux courses minimum assurées par heure. Il demande aussi la mise en place d’un pouvoir de négociation, la création de comités d’entreprises et d’instances représentatives du personnel (IRP), ou encore la mise en place des protections garanties par le code du travail. Par ailleurs, huit dossiers ont été déposés entre février et début août aux prudhommes. Les travailleurs concernés demandent la requalification de leurs contrats en CDI.
Le CDI n’est pourtant pas la revendication phare de ces jeunes travailleurs qui réclament avant tout des droits et des garanties. En ce sens le Nouveau Statut du Travail Salarié que propose la CGT a particulièrement séduit les créateurs du syndicat CGT de Bordeaux. Ce statut doit permettre à chaque salarié, de la sortie du système scolaire à la fin de sa carrière professionnelle, de disposer d’un certain nombre de droits cumulatifs et progressifs, transférables d’une entreprise à l’autre, d’une branche à l’autre, opposables à tout employeur. C’est notamment ce qu’explique Corinne Versini, secrétaire générale de l’Union départementale de Gironde.
Rappelons que lors de son 51e congrès la CGT a décidé de se tourner vers ces nouveaux travailleurs afin de répondre aux changements induits par le numérique. Après les différentes actions menées récemment à Paris, Bordeaux et Lyon, des villes comme Nantes ont rejoint le mouvement et d’autres villes comme Grenoble et Marseille se rassemblent également. Des liens se tissent au niveau européen avec Bruxelles ou Londres. A Bordeaux, comme dans d’autres villes, certains coursiers à vélo envisagent la création d’une SCOP : une plateforme web de livraison à vélo qui embaucherait des salariés et quelques indépendants pour ceux qui souhaitent le rester.