Hier, mardi 18 avril, en milieu de journée, les fédérations CGT et FO du transport routier ont organisé un blocage d’une heure du port de Gennevilliers. Il s’agissait pour les deux organisations syndicales de dénoncer un projet de directive européenne actuellement en cours d’élaboration au niveau de la Commission de Bruxelles, visant à dérèglementer le temps de travail des conducteurs routiers plus encore qu’il ne l’est déjà.
Dans un communiqué qu’elle a publié en lien avec cette action, la CGT assure que dans son “nouveau paquet routier”, la commission “envisage de taper fort contre les conditions de travail des conducteurs et cela peut faire très mal !” La CGT précise que la répartition du travail, actuellement limitée à 90 heures sur deux semaines, pourrait évoluer considérablement, puisque la généralisation de la semaine de 56 heures sur plusieurs semaines d’affilées serait dans les cartons. De la même manière, le temps de repos en cabine pourrait passer de douze jours maximum à trois semaines.
Si l’action que la CGT et FO ont menée à Genevilliers n’a pas ammassé les foules, les deux organisations entendent toutefois, dans les prochaines semaines, intensifier la mobilisation des salariés du secteur contre le projet européen.
Certains d’entre nos lecteurs s’interrogeront sans doute sur l’agenda bruxellois : en pleine campagne électorale française et alors que le FN n’est pas précisément en mauvaise forme, s’attaquer au secteur routier n’est pas du meilleur effet…
D’autres relèveront que la CGT, qui est bien plus coutumière des tirades contre le FN que contre l’Union Européenne, se trouve pour le coup forcée de s’attaquer à Bruxelles et, par là même, implicitement, de reconnaître le bien-fondé de certaines propositions frontistes. Il est vrai que si Jérôme Vérité, le secrétaire général de la fédération CGT des transports, passait plus de temps sur les routes et dans les restaurants routiers de France, il aurait compris depuis longtemps déjà que sa base penche plus du côté du protectionnisme du FN que de la vaine défense de “l’Europe sociale” chère aux bureaucrates syndicaux.