Covid-19 : la CGT dénonce l’usine à gaz du contact tracing

Cet article provient du site du syndicat de salariés CGT.

Le dispositif de « contact tracing » piloté par l’Assurance maladie et les agences régionales de santé (ARS) est de plus en plus inopérant, alors même qu’il mobilise le personnel de la Sécurité sociale au détriment de leurs missions et empêche la prise en compte des besoins des assurés sociaux. 

La politique du « tester, alerter, protéger » inopérante

Pourtant, nous disposons depuis le mois de septembre de tests antigéniques rapides permettant l’obtention d’un résultat en quinze minutes. Bien qu’un peu moins performants que les tests classiques, leur supériorité en termes d’efficacité est la rapidité d’obtention du résultat, qui permet un isolement immédiat et limite ainsi de très nombreuses contaminations. 

Tout comme c’est le cas pour les tests PCR menés par les laboratoires privés sur lesquels le gouvernement n’a aucune prise, aujourd’hui aucune stratégie nationale n’existe sur les tests antigéniques : 5 millions de test auraient été achetés, mais nous ne savons pas qui les a commandés ni qui pilote ces commandes. 

Chaque acteur de la santé semble s’approvisionner de son côté, sans régulation nationale garantissant une bonne distribution sur le territoire et sans négociation nationale qui permettrait l’achat en gros à des prix plus faibles. 

La concentration de toutes les ressources de la Sécurité sociale sur la Covid-19 annonce une catastrophe sociale et sanitaire

Après avoir usé les soignants, pourtant présentés comme des « héros », le gouvernement surmobilise les personnels de la Sécurité sociale au sein des « brigades d’anges gardiens » comme aime à les appeler le ministre de la Santé, Olivier Véran. 

Ces équipes sont surmobilisées sept jours sur sept, week-ends compris, depuis le mois de mai dernier, au détriment du droit du travail des salariés du secteur. Des personnels de la Sécurité sociale qui n’assurent plus leurs missions quotidiennes, mais néanmoins indispensables pour les patients et les usagers. 

À l’instar du système de santé, qui du fait du manque de moyens est incapable de gérer à la fois les malades habituels et une augmentation de l’activité liée à l’épidémie, les services de Sécurité sociale ne parviennent plus à répondre à leurs missions premières

Le traitement des dossiers prend du retard et s’accumule sans répondre aux besoins urgents des populations sur le terrain. Là encore ce dispositif est une bombe à retardement au niveau social et sanitaire dans les mois à venir. 

Un fichage aussi inquiétant qu’incontrôlé

Bien que le recours au testage massif ait été présenté comme le meilleur rempart à la propagation de l’épidémie, le gouvernement français a préféré instaurer un système d’information géré par l’Assurance maladie pour lutter contre l’épidémie. Les modalités de fonctionnement soulèvent des graves inquiétudes. 

Outre le fait que ces données soient stockées sans le consentement des personnes, la confidentialité des données personnelles et médicales n’est pas assurée. Il est à la fois inopérant pour protéger la population, intrusif et dangereux en matière de libertés individuelles et publiques. 

Ce dispositif est une remise en cause profonde des valeurs professionnelles de ces métiers en allant à l’encontre de leur code déontologique. Une fois de plus, ce gouvernement, dans le cynisme le plus total, se sert de cette crise sanitaire pour mettre à mal les libertés individuelles. 

L’Assurance maladie est rendue complice du plus grand fichage de données sensibles pour palier un manque cruel de moyens directement lié aux politiques ultralibérales de nos gouvernants. 

Le gouvernement doit apporter des réponses sérieuses à l’épidémie

Pour ce faire, la CGT exige : 

  • une politique nationale de gestion et de régulation des tests menée par la Sécurité sociale. La coordination des soins sur le territoire revient aux services de l’État via les préfets et les agences régionales de santé. Pour la CGT, cette coordination doit revenir à la Sécurité sociale. Elle a démontré une fois encore sa capacité à se mobiliser pour répondre à la crise sanitaire ;
  • la généralisation des tests antigéniques à toute personne ayant un doute sur son état de santé afin d’ainsi ne mobiliser les tests PCR que pour confirmer les tests antigéniques. Il faut pour cela construire un approvisionnement en nombre suffisant des tests antigéniques et des futurs tests en attente d’homologation ;
  • le déploiement des solutions d’isolement des personnes contagieuses. Les personnes porteuses du virus doivent pouvoir être isolées de manière efficace chez elles, et quand cela n’est pas possible, dans des chambres d’hôtel et des services d’aide familiale. Ce système doit prévoir une attention particulière aux plus précaires et aux plus fragiles :
  • l’arrêt des plateformes de contact tracing devenues inefficaces afin que les personnels de la Sécurité sociale puissent revenir à leurs missions ainsi que l’annulation du fichage des personnes ayant été contactées par les services de contact tracing.

Le gouvernement doit donner les moyens humains au système de santé et aux organisations de la Sécurité sociale de répondre aux besoins de la population. La première urgence est de donner les moyens humains aux Ehpad, aux hôpitaux et aux établissements médico-sociaux ainsi qu’aux organisations de la Sécurité sociale afin qu’ils puissent répondre aux besoins de la population. 

Pour ce faire, la CGT réclame : 

  • l’embauche immédiate des CDD mobilisés depuis le mois de mai par le contact tracing pour répondre aux coupes drastiques des dernières années et donner les moyens aux organismes de la Sécurité sociale de répondre aux besoins croissants ;
  • un plan d’embauche massif d’au moins 400 000 personnes pour la santé : 100 000 à l’hôpital, 200 000 en Ehpad, 100 000 aides à domicile.
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