Ces dernières semaines, nous avons évoqué à de nombreuses la situation pour le moins complexe du dialogue social de la chimie. Un retournement de situation inattendu vient d’avoir lieu de la réunion paritaire de janvier : le patronat du secteur semble prêt à accepter de contourner quelque peu l’esprit des ordonnances portant réforme du Code du Travail.
Résumé des épisodes précédents
Souhaitant suivre l’exemple de certaines branches comme le transport routier ou les ports et docks, la CGT, FO et la CFE-CGC ont revendiqué, peu après qu’a été révélé le contenu des ordonnances Travail, l’intégration dans les minima salariaux de certaines primes et systèmes de maintien de salaire en cas de maladie, ainsi que le maintien des CHSCT dans les entreprises. L’UIC, la principale chambre patronale de la branche, ayant refusé ces revendications, les trois organisations syndicales avaient décidé, en décembre dernier, de ne plus siéger lors des réunions paritaires de branche. Les représentants patronaux se retrouvaient alors à négocier les minima salariaux 2018 avec la seule CFDT, première organisation salariale de la branche certes, mais néanmoins minoritaire (33 %).
C’est à l’issue de cette négociation salariale que les relations sociales se sont tout à fait dégradées. S’étant mis d’accord avant que ne tombe le montant de la revalorisation du SMIC, les négociateurs de la branche restés autour de la table ont fixé un premier niveau d’entrée de grille inférieur au SMIC 2018. En outre, ils ont créé un droit à congé pour enfant malade dont le caractère obligatoire ne concernait que les entreprises de plus de 50 salariés. C’en était trop pour la CGT, FO et la CFE-CGC, qui s’insurgeaient contre l’accord signé et promettaient une mobilisation des salariés de la branche. La CFDT, pour sa part, tentait autant que faire se peut de défendre la légimité de l’accord signé. Le patronat de la chimie observait ce spectacle, à première vue réjouissant.
Un retournement de situation
A première vue seulement, faut-il cependant croire. Le déroulement de la première réunion paritaire de l’année 2018 laisse en effet penser que l’UIC a changé sa manière de voir les choses. D’après la CFE-CGC, la chambre patronale “a affiché sa volonté de retrouver un dialogue social constructif”. Comme preuve de sa bonne foi, elle a relancé le travail de réécriture de la nouvelle CCN de la branche, afin de prendre en compte les ordonnances Travail. Dans ce cadre, l’UIC a accepté, toujours d’après la CFE-CGC, “l’ouverture des négociations sur la structure salariale (primes d’anciennetés, primes de nuit, dimanches et fériés, repos compensateur, jours de carence, maintien du salaire en cas de maladie, etc.)”. Autrement dit : l’UIC fait un pas important vers la CGT, FO et la CFE-CGC.
Dès la prochaine réunion paritaire de février, les partenaires sociaux évoqueront ce moyen de contournement partiel des ordonnances qu’est la redéfinition de la structure salariale. La CGT, FO et la CFE-CGC ont accepté de s’engager dans la démarche proposée par l’UIC. La CFDT également – dans un état d’esprit que l’on peut aisément imaginer mitigé. Les représentants de la branche ont, en tout cas, arrêté plusieurs dates pour une reprise d’un dialogue social sincère et loyal. Passés les premiers temps où certains représentants patronaux ont pu penser qu’un paritarisme sans syndicalistes contestataires avait ses avantages, ils ont sans doute tôt compris qu’un blocage de long terme du dialogue social de branche se ferait également au détriment des entreprises de la branche.