Outre le fait qu’elle a nombreuses conséquences sanitaires et économiques, l’épidémie du coronavirus a d’importantes conséquences sociales. La journée d’hier a ainsi donné lieu à de nombreuses déclarations de responsables politiques et paritaires à ce sujet.
Tripalio fait le tour des mesures sociales annoncées par l’exécutif et des propositions paritaires afin de faire face à l’épidémie en cours.
Les premières revendications paritaires
Avant la prise de parole officielle du Président de la République, qui est intervenue hier soir, plusieurs responsables d’organisations syndicales ont exprimé leurs revendications au sujet de l’accompagnement des entreprises et des salariés dans le cadre de l’épidémie du coronavirus. Du côté des organisations salariales, depuis plusieurs jours déjà, la CFDT, la CGT et FO demandent – afin de ne pas pénaliser les salariés qui vont se retrouver au chômage du fait des conséquences économiques de l’épidémie – à ce que la réforme de l’assurance chômage n’entre pas en vigueur au 1er avril prochain. Hier dans l’après-midi, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT a également demandé à Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, et Bruno le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, de réunir les partenaires sociaux afin de “suivre l’évolution de l’épidémie, anticiper ses conséquences économiques et sociales, notamment sur l’emploi, et coordonner nos actions”.
Du côté du patronat, depuis un certain temps là encore, les demandes de soutien aux entreprises en difficulté se multiplient du côté du Medef, de la CPME et de l’U2P. Hier, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, s’est montré offensif sur la question. Appelant le gouvernement à “sortir le canadair” contre les conséquences de la diffusion du coronavirus, il a d’abord demandé des “mesures de très grande urgence pour assurer la liquidité, la trésorerie et le minimum de dépôts de bilan”. Ceci doit notamment passer selon lui par “des exonérations” et “des remises” de prélèvements obligatoires pour les entreprises en difficulté. A plus long terme, le patron du Medef a jugé qu’il fallait engager un plan de “relance” dans le cadre de “pacte productif dont on parle depuis presque deux ans”.
Les mesures sociales de l’exécutif face au coronavirus
Saisi par ces revendications diverses, l’exécutif a annoncé hier d’importantes mesures sociales afin d’atténuer autant que faire se peut les conséquences de l’épidémie de coronavirus pour les entreprises et leurs salariés. D’abord, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un dispositif spécial, “exceptionnel et massif” de prise en charge du chômage induit par la crise sanitaire en cours. Le montant du financement public du chômage partiel sera en l’occurrence déplafonné. “Je veux que nous puissions préserver les emplois et les compétences” a justifié le chef de l’Etat. Il a également annoncé que les prélèvements obligatoires correpondant au mois de mars allaient être reportés “sans justification, sans formalité, sans pénalité”. Enfin, il a promis qu’en cas de crise économique et financière, un plan de relance national et européen serait mis en œuvre.
Dans le même temps, le gouvernement a fait savoir qu’il entendait recevoir dès aujourd’hui les partenaires sociaux afin d’évoquer avec eux la situation sanitaire actuelle et ses conséquences sociales et économiques et de “recueillir leurs analyses et leurs propositions” dans ces domaines. La rencontre a lieu au ministère du Travail à partir de la fin de la matinée : “Dans le contexte de l’épidémie du coronavirus, Muriel Pénicaud, ministre du Travail recevra les partenaires sociaux afin de recueillir leurs analyses et leurs propositions relatives à l’évolution de la situation économique et sociale du pays”.
Vers une suspension de la réforme des retraites ?
Gageons que les responsables des organisations salariales vont profiter de cette réunion afin de formuler à nouveau, avec insistance, leur revendication d’une non application de la réforme de l’assurance chômage au 1er avril. Il est vrai que l’on voit mal comment le gouvernement va pouvoir défendre à la fois un appel – nécessaire – à l’unité nationale face à la progression du coronavirus et la mise en place d’une réforme dégradant considérablement les droits aux allocations chômage des salariés.
Outre cet enjeu du sort à réserver à la réforme de l’assurance chômage, la question ne manquera pas d’être posée de la gestion de la réforme des retraites. Interrogé ce matin même sur Europe 1, M. Roux de Bézieux a estimé que le gouvernement ne pouvait pas continuer à mener cette réforme dans l’état actuel des choses, en pleine crise du coronavirus. Il l’a en effet appelé à “suspendre les débats de la réforme des retraites pendant plusieurs semaines”. Engagée dans des conditions que l’on peut difficilement qualifier d’optimales, la réforme des retraites ne saurait être menée dans un contexte de crispation économique et sociale majeure.