Contrôle des chômeurs: retour des tartes à la crème et des montagnes qui accouchent d’une souris

Muriel Pénicaud a fait ses annonces du lundi en proposant cette fois un renforcement du contrôle des chômeurs. Cette vieille tarte à la crème de la lutte contre le chômage n’a pas été complétée par les annonces sur la gouvernance de l’UNEDIC qu’on attendait. Au final, la séquence hivernale aura tué dans l’oeuf bien des promesses macroniennes dans le domaine social.

Que reste-t-il des promesses de campagne sur le chômage et la formation professionnelle faites par Emmanuel Macron il y a un an? Pas grand chose à vrai dire, et le gouvernement a donné le sentiment de manquer singulièrement de souffle sur ce sujet, après un sprint sur les ordonnances.  

Le contrôle des chômeurs, tarte à la crème de la lutte contre le chômage

Muriel Pénicaud a annoncé hier que les contrôles et les sanctions contre les chômeurs seraient durcis. C’est une tarte à la crème bien clivante qu’on met en avant quand on veut cacher la vacuité du reste. Elle suscite toujours les mêmes réactions bien pensantes: et l’évasion fiscale des entreprises, alors! et ne stigmatisons pas les chômeurs qui sont dans leur immense majorité des gens honnêtes! etc. 

Les mêmes ne trouvent évidemment rien à redire lorsque le gouvernement annonce un durcissement contre les entreprises, par exemple sur l’égalité hommes-femmes ou le travail détaché. On trouve rarement des avocats pour expliquer que le gouvernement insinue ce faisant que toutes les entreprises sont des fraudeuses potentielles.  

Pendant que ces débats convenus s’enflamment, personne ne regarde la misère du décor… 

Le gouvernement recule sur la gouvernance de l’UNEDIC

Parallèlement, le gouvernement a fortement temporisé sur la grande réforme de la gouvernance qui était attendue dans le système chômage. Et… finalement, la montagne annoncée a accouché d’une souris.  

Le gouvernement renonce en effet à étatiser le système, mais il n’abandonne pas l’idée de mieux le contrôler. D’où l’idée très convenue de fixer un document de cadrage aux partenaires sociaux avant toute négociation des conventions triennales d’assurance chômage. On n’est pas dans un système étatisé, mais on officialise l’intervention de l’État (latente jusqu’ici) dans les négociations entre partenaires sociaux.  

Ceux-ci devront rester dans les objectifs fixés par le gouvernement… On revient à la logique jeune-turc d’Emmanuel Macron, où la modernisation du pays passe par un rôle accru de l’État dans tous les domaines.  

Étatisation à tous les étages

Ce phénomène d’étatisation se retrouve dans tous les thèmes du projet de loi qui s’annonce.  

On se souvient que, sur le volet formation professionnelle, Muriel Pénicaud avait annoncé un big bang. Les salariés devaient pouvoir choisir eux-mêmes les formations qu’ils voulaient suivre. Finalement, le résultat est décevant, puisque la mécanique obscure des OPCA reste en place. La seule évolution est celle d’une collecte des contributions obligatoires par l’URSSAF… 

Sur le chômage des démissionnaires, le gouvernement a également validé la frileuse proposition des partenaires sociaux de contrôler strictement les démissions ouvrant droit à indemnisation.  

Bref, Emmanuel Macron avait dessiné une vision proche d’un revenu universel laissant les salariés libres d’agir. Les corps intermédiaires devaient être évincés du dispositif. Et, en bout de course, le Président a reculé.  

Même si quelques effets de communication visent à faire croire le contraire, la réalité est que le temps des réformes radicales est passé. Le gouvernement va bientôt connaître le terrible hiver sibérien de la réforme en France: enlisement progressif dans les boues, puis gel sur place en cas de bataille prolongée.  

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