Comment le rail s’adapte au coronavirus

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFDT.

La France est au ralenti mais l’offre de transports doit permettre d’acheminer les travailleurs dont l’activité est vitale pour le pays et les marchandises de première nécessité. Une mission de service public qui perdure tandis que les mesures de protection pour les cheminots ne sont pas appliquées. 

Chaque jour de nouvelles annonces, chaque jour des mesures différentes. Difficile pour les équipes de la SNCF de s’organiser. « Au jour 2 du confinement imposé pour lutter contre la propagation du virus, nous n’avons pas de plan de transport adapté, s’inquiète Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots. En clair, nous ne savons pas qui doit travailler, qui doit rester chez soi, qui doit prendre des risques. Tout ce que nous savons, c’est qu’il faut faire rouler des trains même si les mesures de sécurité ne sont pas appliquées ; comme pour les autres travailleurs exposés, il n’y a pas assez de masques ni de gants et, sachant que les hôpitaux seront logiquement approvisionnés avant nous, l’inquiétude augmente chez les salariés ». 

Conducteurs, agents de maintenance réseau, aiguilleurs, entretien du matériel roulant, mécaniciens, contrôleurs, agents d’escale nécessaires au départ des trains, police ferroviaire : des milliers de cheminots doivent continuer d’exercer leurs missions de service public sur le terrain pour faire circuler des trains et des voyageurs. 

Des compromis faute de mieux 

Depuis le début de la crise, des réunions quotidiennes ont lieu entre la CFDT Cheminots et la direction pour détailler les mesures à prendre et porter la parole des cheminots avec un objectif prioritaire : assurer la sécurité de tous les agents dans un contexte de continuité du service public ferroviaire. Recenser les postes utiles, réaliser un état des lieux pour le personnel qui n’a accès ni à des toilettes ni à du savon, prévoir des hébergements pour les cheminots qui dorment loin de chez eux (les hôtels sont fermés, les foyers SNCF ne peuvent pas tous être ouverts faute de personnel, il n’y a plus de restaurants d’entreprise…) : « On essaie de se mettre en ordre de marche », explique Fabrice Chambelland, secrétaire du Syndicat national des cheminots et activités complémentaires à Dijon. « Entre les décisions prises au niveau national et leur traduction sur le terrain, il y a de la marge. Alors en tant que délégués syndicaux, nous nous efforçons de voir si les consignes s’appliquent. Mais malheureusement, les mesures barrières ne peuvent être respectées : par exemple, l’entreprise de nettoyage des vêtements de travail (vêtements « à haute visibilité » avec bandes réfléchissantes qui exigent un nettoyage à sec) a dû fermer et nous n’avons pas de solution pour le moment. Entre deux prises de poste, les cabines des conducteurs ne sont pas désinfectées. Dans le même temps, l’activité fret doit absolument se maintenir pour acheminer des produits pour l’industrie pharmaceutique et les magasins d’alimentation. Nous devons trouver le bon compromis. » 

Fabrice relève aussi des défaillances dans la communication. Ce matin, il a fait une mise au point avec les dirigeants de son secteur sur la base de documents que ces derniers n’avaient pas encore reçu de la direction de la SNCF… dont un stipulant que « tout manager peut faire usage de son pouvoir de décision pour traiter des cas particuliers ». Une information importante alors que des salariés dont l’entourage est fragile, à risque ou déjà malade, ne savent pas s’ils doivent ou non continuer à venir travailler. « Nous sommes confinés et paradoxalement le nombre de choses à résoudre est énorme », résume-t-il. 

Un autre point préoccupe les cheminots dont le salaire est en grande partie constitué de primes au déplacement. La CFDT Cheminots a demandé à la direction d’ouvrir une négociation sur le sujet pour que les agents ne soient pas trop perdants. Mais quoi qu’il en soit, « partout, nos équipes nous disent vouloir contribuer à l’effort national et ne souhaitent pas user de leur droit de retrait. Nous sommes là pour les y aider », souligne Thomas Cavel. 

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