Fin novembre 2016, dans le cadre de notre suivi de la restructuration conventionnelle de la métallurgie, nous avions fait état du blocage paritaire alors apparu au sujet des classifications. Si les positions des uns et des autres n’ont, officiellement, guère évolué depuis, la situation pourrait bien changer, dans la bonne direction, d’ici peu de temps.
Des positions radicalement différentes
Pour mémoire, le différend survenu sur la grille des classifications oppose deux conceptions radicalement différentes de ce dispositif constitutif d’une convention collective.
D’un côté, l’UIMM souhaite revoir la philosophie d’ensemble des grilles de classifications actuelles de la métallurgie, basées depuis le début des années 1970 sur les diplômes et les qualifications des salariés et incluant des dispositifs de déroulement automatique de carrière, notamment pour les cadres et agents de maîtrise. A la place, l’organisation patronale veut instituer une grille fondée sur le classement des emplois et des postes.
Comme il fallait s’y attendre, les représentants des salariés ne sont pas tous convaincus par ce schéma. En particulier, la CGT et la CFE-CGC, respectivement première organisation au niveau national dans le secteur et première organisation dans l’encadrement, refusent clairement ces propositions.
Le point de rupture
Les quelques réunions entre les partenaires sociaux qui ont eu lieu depuis ce moment n’ont pas du tout permis de rapprocher les positions divergentes. La CGT en témoigne : “Vendredi dernier a eu lieu la 4ème séance de discussion au sujet des classifications. L’UIMM ne lâche pas son projet et nous n’en voulons absolument pas”. La CFE-CGC elle non plus n’en veut toujours pas. Dans cette configuration, les échanges ont vite tendance à tourner en rond.
A tel point que lors de la réunion du vendredi 3 février, en guise de protestation contre la stratégie de l’UIMM, la CGT a quitté la séance de négociation, la qualifiant de “mascarade”. Plus encore, la première organisation du secteur a fait savoir qu’elle ne participerait plus aux réunions paritaires tant que la chambre patronale ne changera pas de position.
Pour couronner le tout, afin de “peser” sur les négociations, la CGT a même appelé à la mobilisation dans les entreprises du secteur. Les bonnes intentions négociatrices du patronat et des syndicats prenaient décidément un bien mauvais tour.
L’assoup(l)issement de l’UIMM ?
Dans l’état actuel des choses, en théorie, l’UIMM pourrait, certes, passer outre l’opposition de la CGT et de la CFE-CGC, en cherchant à trouver un point d’accord avec les autres organisations syndicales. La CGT ne croit pourtant guère à cette issue : “Ce serait une victoire à la Pyrrhus. Nous n’en sommes en effet qu’au début d’une longue et difficile négociation, il est donc très improbable que l’UIMM fasse le pari de se passer du concours de deux organisations syndicales centrales dans la branche”.
La CGT en veut d’ailleurs pour preuve le fait qu’elle a été recontactée par l’UIMM à la toute fin de la semaine. “Nous pensons qu’une annonce positive devrait être faite prochainement” précise l’organisation syndicale. Il faut dire que, faute d’avancée sur les classifications, les négociateurs n’auraient plus grand chose à négocier, tant la suite de la restructuration conventionnelle dépend étroitement de la définition des classifications.