La prochaine négociation sur l’assurance chômage promet d’être divertissante. Elle n’est pas encore ouverte et déjà le gouvernement a passé sa commande: l’introduction de la dégressivité dans le versement des allocations. On voit mal comment les organisations syndicales pourraient donner leur accord à cette demande alors que le nombre de demandeurs d’emplois atteint des records.
Le gouvernement et le chômage
Après avoir vanté les mérites du dialogue social comme source du bonheur en France, François Hollande a prononcé des voeux aux acteurs économiques où il leur disait tout le bien qu’il pensait de la dégressivité des allocations chômage. Cette vieille tarte à la crème abandonnée par les partenaires sociaux il y a 10 ans est, comme à son habitude, présentée comme un remède au chômage de masse.
Si l’idée n’est pas nouvelle, il aura fallu attendre un gouvernement de gauche pour la voir quasiment imposée aux partenaires sociaux, qui plus est au nom du dialogue social comme méthode de réforme. Si l’on ajoute que Manuel Valls avait, il y a deux ans, ordonné un adoucissement du régime imposé aux intermittents du spectacle par la précédente convention, on voit comment le fait du prince tend à se généraliser derrière les postures les plus respectueuses des “corps intermédiaires”.
Là encore, on mesure que les prises de position du gouvernement visent à durcir un système pour tout le monde sauf pour les “danseuses” proches du gouvernement. On imagine sans peine le jeu d’influence qu’Anne Gravoin et Julie Gayet ont dû, en leur temps, nourrir, pour promouvoir une remise en cause des dispositions applicables aux intermittents. Proche des yeux, proche du coeur!
Les syndicats et le chômage
Toute la question sera, évidemment, de savoir quelle organisation syndicale de salariés sera prête à signer un texte sur la dégressivité.
Par principe, la CGT devrait s’opposer à un mécanisme de ce genre – la même CGT qui a obtenu devant le Conseil d’Etat l’annulation de la précédente convention. Eric Aubin a d’ores et déjà expliqué tout le mal qu’il pensait de cette idée.
FO, qui est en phase de préparation à son congrès, ne devrait pas réserver un meilleur accueil à cette idée. Stéphane Lardy a déjà expliqué que la dégressivité nuisait à l’emploi. Ce joli paradoxe laisse penser que FO ne signera pas.
Le gouvernement devra donc compter sur les trois organisations restantes pour signer. Prudemment, la CFTC a entrouvert une perte sur la nécessité de baisser les dépenses de l’UNEDIC, mais son président parle pour l’instant de formation plutôt que de dégressivité. La CGC est en quasi-situation de vacance de pouvoir après l’éviction de Carole Couvert qui voulait se succéder à elle-même. Il paraît difficile d’imaginer que cette confédération trouve un mandat à quelques semaines de son congrès pour signer un texte quelconque dans ce domaine.
Reste l’inconnue de la CFDT. Laurent Berger a d’ores et déjà plaidé pour le maintien d’un “haut niveau de protection”, ce qui ne ferme pas forcément la porte à l’introduction d’une forme de dégressivité. L’accord qui pourrait prendre forme pourrait par exemple inclure un maintien des allocations pour les seuls chômeurs qui se forment, et prévoir une dégressivité pour ceux qui ne se forment pas. On imagine mal que la convention puisse aller très au-delà.
Pour la CFDT, le principal risque consisterait en effet à trop s’exposer seule sur un dossier sensible, en pleines surenchères syndicales dues aux congrès du printemps…