CGT : deux nouvelles casseroles pour Philippe Martinez

A la CGT, les semaines se suivent et se ressemblent décidément. On ne s’en félicite sans doute pas du côté de Montreuil : il ne se passe actuellement pas une semaine sans que Philippe Martinez, le secrétaire général de l’organisation, reçoive les honneurs de la presse.

 

En fin de semaine dernière, l’Express a ainsi révélé son bon niveau de salaire, tandis que le Point est revenu sur ses multiples affaires prud’homales. 

Le bon salaire de Philippe Martinez

Pour Philippe Martinez, l’année 2018 a été un bon cru. Il a en effet pu compter sur une rémunération annuelle de l’ordre de 55 000 euros, en hausse de 6000 euros par rapport à l’année précédente. Avec un tel niveau de salaire, et une si belle augmentation, on comprend mieux l’incompréhension longtemps manifestée par M. Martinez à l’égard du mouvement des “gilets jaunes” : à 55 000 euros par an, on est généralement moins revendicatif qu’on ne l’est quand on est au SMIC. 

L’Express précise les modalités de définition et de prise en charge du salaire de Philippe Martinez par la CGT. L’augmentation de 6000 euros correspondrait à une prime versée par Renault à tous ses salariés – M. Martinez est encore inscrit à l’effectif du constructeur automobile. Quant au niveau de rémunération du patron de la CGT, il serait calculé en fonction de ce qu’il toucherait chez Renault s’il y travaillait encore – on demande, certes, à voir la méthode de calcul. Hormis dans le cas de la prime Renault, c’est la fédération de la métallurgie, dont provient M. Martinez, qui lui verse son salaire, avant de se le faire rembourser par la confédération CGT. Pour la fédération CGT de la métallurgie, l’opération serait donc blanche. 

Il faut dire que ladite fédération a déjà bien assez de personnels comme ça à rémunérer. L’Express explique d’ailleurs que, pour financer le salaire de ses cadres, elle se trouve contrainte de mettre à contribution la maternité des Bluets, située dans le XIIème arrondissement de Paris. La CGT métallurgie est en effet propriétaire de l’immeuble dans lequel se trouve la maternité : elle lui loue pour la modique somme d’un million d’euros par an. Bien que ce montant soit dénoncé comme bien trop élevé par l’IGAS, l’ARS et la maternité – et qu’il corresponde d’ailleurs à la somme versée fin 2018 par l’ARS à la maternité afin de lui éviter la faillite immédiate – la CGT métallurgie refuse de revoir ses exigences à la baisse. Et pour cause ! 

La CGT aux Prud’hommes

Dans le même temps que se répandaient dans la presse ces malheureuses informations, un retour détaillé était effectué par le Point sur les affaires prud’homales de la CGT et de son secrétaire général. Des affaires ahurissantes, devrait-on dire, dans le cas d’une centrale salariale comme la CGT, qui se veut être le fer de lance du mouvement social. L’hebdomadaire cite trois cas de salariés de la CGT récemment mis à la porte sans le moindre ménagement par le patron de la CGT et qui ont fait appel aux prud’hommes. 

Parmi eux figure Christophe Deluchat, l’ancien chauffeur personnel de M. Martinez et de ses prédécesseurs. Quelque peu fatigué après 22 ans de bons et loyaux services dans l’organisation, il avait souhaité, l’année dernière, obtenir un changement de poste ou un départ négocié. Le 18 décembre dernier, dans le cadre de ces discussions, il a été prié par le DRH et par le directeur financier de la CGT, de signer une lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement une lettre de licenciement, toutes deux antidatées, au 19 et 30 novembre 2018. Espérant une issue positive à ses demandes, il signe. Le voici alors licencié sur le champ, pour “faute grave” – c’est-à-dire sans la possibilité de prétendre à des indemnités chômage. M. Deluchat a évidemment saisi les prud’hommes. 

A la lecture de tout ceci, on en vient à se demander dans quelles conditions Philippe Martinez va bien pouvoir se maintenir à la tête de la CGT – rappelons que le prochain congrès confédéral a lieu en mai prochain. Si l’absence de concurrent pourrait lui permettre de se maintenir à la tête de l’organisation, tout porte à penser qu’il ne s’en trouverait pas moins, par la suite, dans une situation de paralysie complète. La CGT n’est pas sortie de l’auberge Martinez. 

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