Entre autres orientations budgétaires annoncées hier dans la presse par le Premier ministre Edouard Philippe figure une mesure qui fait beaucoup parler d’elle : alors que l’inflation s’élève cette année à plus de 2 %, les pensions de retraite ne seront revalorisées que de 0,3 % au 1er septembre prochain. Un nouveau coup de massue pour les retraités, qui ont pourtant très majoritairement voté pour Emmanuel Macron l’an passé.
Les retraités à l’amende
Quelques mois à peine après avoir dû se résoudre à une forte hausse de leur CSG, les retraités sont donc de nouveau mis à contribution par le Président de la République. En revalorisant les pensions de retraite à un taux très nettement inférieur à celui de l’inflation, il réalise en effet une importante économie budgétaire sur le dos du troisième âge.
Interrogé par France Info, Christian Bourreau, le président de l’union française des retraités (UFR), a déploré cette information, fataliste : “Les pouvoirs publics veulent faire un effort en faveur des personnes qui travaillent, des actifs, et à partir de là ils regardent du côté des inactifs, à savoir les retraités. Et une nouvelle fois, on va ponctionner leur pouvoir d’achat. Ce n’est pas nouveau, c’est quelque chose de répétitif.” M. Bourreau a précisé que pour un retraité percevant une pension annuelle de 18 000 euros, la perte de pouvoir d’achat s’élève à 180 euros – ce qui représente, par exemple, une baguette de pain par jour sur la moitié de l’année.
Un faible pouvoir de nuisance
Sans grande surprise, le représentant des retraités a affirmé que ces derniers seront très mécontents de subir une nouvelle attaque de la part du gouvernement : “environ 16 millions de Français ne seront pas satisfaits” a-t-il considéré, sans trop risquer de se tromper peut-on imaginer…
Hélas pour M. Bourreau, les retraités ont tout de la proie facile pour un gouvernement en quête de fonds de tiroirs à racler. Il est vrai qu’ils n’ont qu’un pouvoir de nuisance fort réduit, comme il le reconnaît lui-même, amer : “On peut faire connaître notre point de vue, mais c’est sûr que nos modalités d’action sont limitées. On peut discuter, on peut parler, on peut rencontrer des personnes. Mais on ne va pas faire de manifestations ou bloquer les voies de la gare Montparnasse.” Il semble d’ailleurs avoir échappé à Christian Bourreau que même ceux qui peuvent bloquer la gare Montparnasse ont perdu leur bras-de-fer avec l’exécutif.
Un électorat bien malmené
Si le constat d’impuissance du président de l’UFR est difficilement contestable, il n’en demeure pas moins que les retraités conservent du moins un pouvoir qui n’a pas encore été contesté aux citoyens français par l’Etablissement : le droit de vote. En l’occurrence, les élections européennes qui se tiendront l’an prochain pourraient être l’occasion d’un vote de défiance des retraités à l’égard de la majorité présidentielle.
On relèvera ici que la stratégie du chef de l’Etat laisse pour le moins perplexe. Si l’on en croit les sondages d’opinion – voir par exemple ici – l’an passé au second tour de l’élection présidentiele, les Français de plus de 60 ans ont voté à plus de 70 % pour Emmanuel Macron. Autrement dit : depuis la fin de l’année dernière, le chef de l’Etat cogne fort sur l’un de ses principaux socles électoraux. Véritables cocus du débat du quinquennat Macron, les retraités vont-ils saluer le sort qui leur est réservé par l’éxecutif en remettant une pièce dans la machine ?