Dans le cadre d’une expérience d’un an, une centaine de médecins canadiens peuvent maintenant prescrire des visites au musée et dans des hauts-lieux de culture aux patients souffrant de stress ou d’autres maladies chroniques.
Aller au Louvre pour faire la queue au milieu de perches à selfies pour admirer quelques secondes le sourire de la Joconde sera-t-il bientôt un acte remboursé par la Sécurité Sociale ? En France, l’idée n’est même pas encore en discussions mais les canadiens ont déjà franchi le pas.
En somme, les médecins peuvent désormais prescrire à leurs patients souffrant de dépression ou d’autres maladies chroniques comme du stress ou de l’anxiété.
Un projet d’un an
Ces nouvelles prérogatives ont vu le jour à la suite d’un partenariat entre l’association des Médecins Francophones du Canada (MFdC) et le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Nicole Parent, directrice générale de la MFdC estime qu’une centaine de médecins se sont déjà inscrits au programme.
Ainsi, ils peuvent depuis le 1er novembre 2018, prescrire jusqu’à cinquante ordonnances par patient pour que celui-ci puisse profiter de visite gratuite dans des musées ou des expositions. Ces visites sont valables pour deux adultes et deux mineurs.
Nicole Parent salue la prise de position de ces médecins qui ont « une sensibilité et une ouverture par rapport à des approches alternatives si l’on veut, quoique démontrées de façon scientifique, sur les bienfaits de l’art sur la santé. »
Elle estime que d’ici quelques années, elle sera « en mesure de rassembler certaines données qui vont être fort intéressantes pour avoir un aperçu des résultats. »
De son côté, Hélène Boyer, vice-présidente de MFdC, les résultats ne font aucun doute. « De plus en plus d’études le démontrent : le contact avec les œuvres d’art a un réel impact sur l’état de santé physique et mentale de la population. »
Quand on regarde une œuvre d’art, notre attention est portée sur l’œuvre et on oublie nos souffrances et nos anxiétés. Nous sécrétons des hormones lorsque nous visitons un musée [et elles] sont responsables de notre bien-être. Les gens ont tendance à penser que ce n’est efficace que pour les problèmes de santé mentale. (…) mais ce n’est pas le cas. C’est aussi efficace pour les patients diabétiques, pour les patients en soins palliatifs et pour les personnes atteintes de maladies chroniques.
Hélène Boyer, vice-présidente de MFdC
On connaissait les médecins prescripteurs de médicaments ou d’arrêts de travail (parfois trop pour certains membres du Medef), mais aussi plus récemment les prescripteurs de sport aux patients souffrant d’une affection longue durée. Nous connaîtrons peut-être les médecins prescripteurs d’art et de culture.