Les partenaires sociaux se retrouvaient hier pour ce qui devait être une ultime séance de négociation sur l’avenir de l’assurance chômage. Comme ceci était prévisible, ils ont échoué à s’entendre. S’ils se sont officiellement donné une semaine supplémentaire pour arriver à un accord, une reprise en main de l’Unédic par l’Etat apparaît comme l’issue la plus probable de cette négociation.
Les contrats courts… toujours !
Alexandre Saubot, le négociateur du Medef – et très probable candidat à la succession de Pierre Gattaz – n’a pas bougé que d’un iota sur les contrats courts. Il refuse toujours d’entendre parler d’un système national et interprofessionnel visant à pénaliser financièrement les entreprises recourant plus que la moyenne à ce type de contrat. Pour le Medef, pénaliser les contrats courts pourrait, in fine, aggraver la précarité des salariés en les privant d’emploi. Seule concession aux syndicats : M. Saubot accepte désormais d’appeler l’ensemble des branches d’activité à négocier un moindre recours aux contrats courts – jusqu’à présent, il voulait limiter cet appel aux quatre branches recourant le plus à ce type de contrats : l’intérim, le spectacle, l’hôtellerie-restauration et l’hébergement médico-social.
Une improbable nouvelle réunion
Dans cette configuration de blocage paritaire total, la décision de convoquer une nouvelle séance de négociation pour le jeudi 22 février prochain peut, a priori, appraître logique. S’ils veulent avoir une chance de continuer à gérer l’Unédic de manière autonome, les partenaires sociaux doivent tomber d’accord à l’issue de la négociation ô combien cruciale dans laquelle ils sont engagés. Ceci étant dit, leurs désaccords sont tels que l’on voit mal en quoi une réunion supplémentaire leur permettra de les surmonter. En particulier, pour M. Saubot, lâcher suffisamment de lest sur les contrats courts afin de convaincre la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC de signer un accord constituerait une très importante prise de risque dans le cadre de l’élection présidentielle du Medef. Un sacrifice difficile à consentir.
Un premier appel du pied à l’Etat
Confrontés à ce point de blocage fondamental du côté patronal, les négociateurs représentants les confédérations salariales ont commencé à appeler l’Etat à réaffirmer qu’en cas d’échec des discussions paritaires, il entend bel et bien instaurer un système de bonus-malus. Ainsi, interrogée par l’AFP, Véronique Descacq, pour la CFDT, a prier l’exécutif à parler : “Il faut que le gouvernement prenne la parole, qu’il affirme qu’en tout état de cause, il mettra en place le bonus-malus”. Formulant le même souhait, Michel Beaugas (FO), s’est, certes, montré plus dubitatif quant à la probabilité qu’il soit exaucé. “Le gouvernement doit nous rassurer”, “par écrit” a-t-il en effet jugé nécessaire, avant de préciser : “je ne suis pas sûr que le gouvernement soit prêt”, “Jupiter a parfois des failles”.
L’étatisation en marche
Il est vrai que l’on saisit difficilement quel pourrait être l’intérêt du chef de l’Etat à mettre ainsi la pression sur le patronat. Ceci contraindrait d’une part l’exécutif à bien réaffirmer sa promesse de campagne d’instituer un système de bonus-malus afin de pénaliser les contrats courts. D’autre part, ceci pourrait – très improbablement mais sait-on jamais ? – contribuer au déblocage de la négociation en cours sur l’assurance chômage. Or, animé par un volontarisme réformateur que rien ne semble pouvoir remettre en cause, le chef de l’Etat ne craint sans doute pas la perspective d’une reprise en main de l’assurance chômage.