Comme l’ont annoncé Les Echos, l’exécutif entend instituer un système de bonus-malus sur la cotisation patronale à l’assurance chômage. En lieu et place de la cotisation unique de 4,05 % qui existe actuellement, les entreprises vertueuses cotiseraient à hauteur de 2 %, tandis que les moins vertueuses pourraient cotiser jusqu’à 10 %. Un projet qui suscite des réactions très diverses…
La CFDT et FO en appui
La CFDT n’a pas caché son soutien total à une telle différenciation des cotisations. Ainsi, confirmant l’information des Echos, Laurent Berger a par ailleurs clairement estimé qu’il s’agissait-là d’une bonne mesure : “Oui je confirme et je confirme que c’est une bonne chose. Cela fait des années que la CFDT dit qu’il faut taxer les CDD. En tout cas il faut responsabiliser les entreprises dans l’organisation des contrats courts”. Sur publicsenat.fr, Michel Beaugas, pour Force Ouvrière, s’est montré moins disert mais il n’en a pas moins jugé pertinent l’institution d’un bonus-malus : “Nous pensons que cela peut être un système vertueux dans les entreprises”. Pour les dirigeants de la CFDT et de FO, le temps du renvoi d’ascenseur gouvernemental semble bien être venu.
La CGT pour un malus sans bonus
Sans doute très irrité par l’affaire des ordonnances travail, Philippe Martinez n’a, pour sa part, rien trouvé de valable dans l’idée d’instaurer un tel dispositif de financement de l’assurance chômage. Le secrétaire général de la CGT s’est en effet prononcé en faveur d’un malus sans bonus. “Nous sommes pour le malus pour les entreprises qui utilisent trop de travailleurs précaires. Mais nous ne sommes pas pour le bonus. Les entreprises ont déjà beaucoup d’aides de l’Etat, que ce soient des exonérations de cotisations ou des aides publiques”, a-t-il précisé. Si la logique du patron de la CGT peut se comprendre, il n’en demeure pas moins que sa position a peu de chances d’être adoptée par le gouvernement – qui, ceci n’aura échappé à personne, n’est pas sur une ligne anti-patronale dure.
Le patronat furieux
Cette ligne politique générale n’empêche, certes, pas les écarts de conduite. En l’occurrence, il faut bien reconnaître que, sur cet enjeu du bonus-malus, Emmanuel Macron se montre prêt à faire grincer bien des dents au sein du patronat français. Pierre Gattaz, le président du Medef, a ainsi dit tout le mal qu’il pensait de ce projet poussé par le chef de l’Etat : “Tout système qui vise à taxer des contrats courts, qui stigmatise certains types de contrats ou d’entreprises, est une absurdité et serait totalement contreproductif”. M. Gattaz, qui se sentait sans nul doute en confiance ces derniers temps, n’apprécie pas ce soudain désagrément, qui pourrait bien lui gâcher sa fin de mandat. Dans la configuration sociale actuelle, l’exécutif peut pourtant plus difficilement se passer du soutien de la CFDT et de FO que de celui du Medef…