Cet article est paru sur le site Décider et Entreprendre.
Le programme d’Arnaud Montebourg inclut une proposition curieuse: la mise en place (contraire au droit communautaire) d’une mutuelle publique subventionnée à 10 euros.
Montebourg et la mutuelle publique à 10 euros
· Pas de renoncement aux soins pour raisons financières : des soins mieux couverts par la Sécurité Sociale et une mutuelle publique
Les soins primaires doivent eux aussi être garantis pour chaque citoyen. Prenons l’exemple des soins bucco-dentaires qui ne sont plus remboursés par l’assurance maladie qu’à hauteur de 33 %, alors qu’ils représentent une dépense globale annuelle de 10,6 milliards d’euros. Je propose d’instaurer une consultation annuelle remboursée à 100% pour les moins de 25 ans, qui permettrait de réduire les coûts pour l’Assurance maladie par une détection plus précoce de ces problèmes. L’ambition d’une Sécurité sociale du XXIe siècle doit être d’atteindre une couverture complète de ces soins, en matière de prothèses auditives, de soins dentaires et de lunettes.
Enfin, et c’est un point auquel je tiens, il faut améliorer le taux de couverture complémentaire pour les Français. Certes, depuis le 1er janvier 2016, tout salarié doit bénéficier d’une complémentaire de santé financée au moins à 50% par son employeur. Ce dispositif couvre un socle minimal de soins.
Pour autant, et malgré ce dispositif, au moins 1,7 millions de personnes ne disposent pas d’une complémentaire en France aujourd’hui. Qu’en est-il de certains chômeurs ? De certains étudiants ? D’une partie des retraités ? D’une partie des contractuels de la fonction publique ? Et d’une partie des indépendants : libéraux, commerçants, artisans ?
La Sécurité sociale relève de la solidarité nationale contrairement aux complémentaires qui individualisent le risque. Il nous faut donc aller au-delà de ce que nous faisons actuellement et agir pour que la part complémentaire de dépense soit réellement complémentaire, c’est-à-dire minoritaire. Son fonctionnement doit réellement être solidaire, c’est-à-dire juste envers les populations qui sont les plus fragiles médicalement, économiquement et/ou territorialement.
C’est pourquoi je souhaite la mise en place d’une mutuelle publique à 10 euros par mois pour toute personne gagnant moins qu’un SMIC complet. Cette mutuelle publique subventionnée par l’État est un « Obamacare » adapté au contexte spécifique de la France. L’ambition est la même : redonner une couverture santé abordable aux victimes de la fracture sanitaire qui se creuse en France. Et simplifier les dispositifs complexes, et souvent mal utilisées qui se sont accumulées au fil des ans (CMU-C, aide à la complémentaire santé ACS)
La santé n’a pas de prix, certes, mais elle a un coût, c’est obsession de M. Fillon. Le problème c’est que ce coût n’est pas ressenti de la même manière en fonction de nos revenus, que je me refuse à individualiser davantage le risque et à créer ainsi de nouvelles inégalités.
Les citoyens qui – il faut le rappeler, à l’heure où certains ont la tentation de remettre en cause notre système de sécurité sociale – financent le système sont en droit d’exiger un accès à un système de santé de qualité, quelle que soit leur origine territoriale ou sociale. C’est en tous cas le projet concurrent que souhaite porter la gauche.