En France, 89 000 femmes ont pris de l’Androcur, un médicament miracle censé combattre différents troubles hormonaux. Seulement, ce traitement favorise le développement de tumeur du cerveau et trois patientes françaises portent plainte. Un émoi qui ne semble pas traverser nos frontières.
Le 3 avril dernier, trois plaignantes françaises portaient plainte contre le laboratoire Bayer pour la prise répétée du médicament Androcur. L’acétate de cyprotérone, le principe actif de l’Androcur et des génériques censés réduire la pilosité excessive chez les femmes ainsi que combattre l’endométriose, a aussi été reconnu comme pouvant multiplier jusqu’à 20 fois le risque de tumeurs du cerveau selon des études de l’Assurance Maladie et de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM).
“Un cancer n’est pas automatiquement la conséquence d’un traitement médicamenteux”
Seulement, ces mêmes conclusions ne semblent pas perturber nos voisins européens. Si l’Androcur reste propriété de l’Hexagone, le Lutényl (acétate de nomégestrol) est lui, bel et bien commercialisé dans le plat pays. Et au même titre que son grand-frère, il existe des risques accrus de développer un méningiome, soit une tumeur au cerveau.
Dans un article publié le 10 avril, la RTBF assure avoir contacté l’Agence Fédérale Belge des Médicaments et des produits de santé (AFMPS), l’équivalent de l’ANSM en France. L’agence a alors rétorqué à nos confrères belges qu’elle ne disposait pas de données “justifiant une action contre le traitement par Androcur”.
Un cancer n’est pas automatiquement la conséquence d’un traitement médicamenteux. Nous suivons le dossier, en Belgique comme à l’étranger pour voir si l’analyse risque/bénéfice a été modifié ou non.
Porte-parole de L’Agence fédérale (belge) des Médicaments et des produits de santé (AFMPS)
Toujours d’après ce porte-parole, seuls deux cas auraient été recencés en Belgique. D’après les données officielles, en 2017, près de 89 000 femmes se seraient vu prescrire de l’Androcur en France. La France représente 60% du marché européen de l’Androcur.
Le 6 septembre, l’ANSM publiait un communiqué reprenant les résultats d’une étude menée pendant sept ans sur 250 000 femmes exposées à la cyprotérone. “Le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de six mois) et par 20 après cinq années de traitement à 50 mg/jour (ou après dix ans à 25 mg/jour).”