Dans le cadre de son plan d’actionnariat salarié, Alstom offre gratuitement 30 action à chacun de ses salariés. Un moyen de les “associer plus étroitement aux résultats du groupe”. Mais pas seulement…
En 2016, Alstom lançait son plan d’actionnariat salarié “We are Alstom”, un plan “visant à développer l’engagement de tous les collaborateurs d’Alstom et à promouvoir notre culture entrepreneuriale par l’actionnariat salarié”.
Sont éligible tous les salariés du groupe, quel que soit le dans lequel ils travaillent, ou quel que soit leur statut (permanents mais aussi CDD et apprentis). Après une période d’acquisition de deux ans, les actions ont donc été distribuées le 25 septembre 2018.
Action ou bonus cash
Ce sont donc près de 25 000 employés à travers le monde qui ont reçu 30 actions du groupe Alstom pour une valeur de 1 200€. A l’origine, le plan comptait environ 31 000 bénéficiaires éligibles. 87% des salariés du groupes ont reçu des actions. Ils se concentrent dans 16 pays comme la France, les Etats-Unis ou encore l’Inde.
Mais les 13% restant ne sont pas oubliés. Pour la plupart, ils travaillent soit dans des branches qui comptent moins de 200 salariés, ou dans des pays où les législations ne permettent pas aux employés de détenir des actions. On parle de la Russie, du Canada ou encore de l’Afrique de Sud. Pour cela, la solution était alors de leur verser l’équivalent du prix des actions sous forme de primes.
Pour Thierry Parmentier, directeur des ressources humaines d’Alstom, il s’agit avant tout d’une “opportunité de faire d’une majorité d’entre eux des actionnaires d’Alstom et de les associer plus étroitement aux résultats du groupe. Nous sommes extrêmement fiers de remettre ces actions à nos salariés.”
L’arbre qui cache la forêt ?
Une bonne nouvelle donc pour les salariés du groupe qui s’est retrouvé plusieurs fois au coeur de polémiques, parfois de scandale d’Etat comme l’explique nos confrères des Echos.
En 2016, la même année que le lancement du plan d’actionnariat, Alstom négociait sa fusion avec General Electric tout en programmant la fermeture du site de Belfort, supprimant au passage près de 400 emplois. De son côté, General Electric prévoyait un plan social de 800 emplois. Nos confrères précisent qu’en “ intégrant l’effet induit sur les sous-traitants, le bilan complet à ce jour atteint environ 5000 emplois détruits !”
Parallèlement, en juin dernier, John Flannery, PDG de General Electric, groupe qui a donc mis la main sur l’un des fleurons français du transport, rendait visite à Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, pour lui annoncer que l’objectif de créer 1 000 emplois nets en France d’ici fin 2018 était “hors d’atteinte”.
Initialement, une sanction était prévue. Le groupe devait originellement souffrir d’une amende de 50 000€ par emploi net non-créé. Bruno Le Maire annonçait que seulement 323 emplois avaient été créés. 358 estimait Vigeo Eiris qui suit les engagements de GE. L’amende pourrait donc s’élever à près de 34 millions d’euros.
Avec ces annonces, ce sont directement le gouvernement et sa gestion du dossier qui sont mis en cause. D’abord parce que Jeff Immelt, ex-PDG de John Flannery avait expliqué trouver “très décevante” l’acquisition de la branche énergie d’Alstom par General Electric. Mais aussi parce que le gouvernement qui se voulait intransigeant se montre plutôt incapable de faire respecter les termes du contrat signé.
Cette prime versée sous forme d’actions ou de cash vient donc récompenser des employés qui sont restés sur le navire. Récompensant leur loyauté, elle cache aussi de nombreux problèmes. Un moyen de faire passer la pilule ? En tous cas, il serait peut-être bon que le gouvernement se montre aussi dévoué à mener une vraie politique industrielle que les salariés du groupe à travailler.