Il y a quelques jours, la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère des Solidarités et de la Santé, a publié une étude relative aux personnes qui ont déclaré avoir apporté, en 2021, “une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie” – autrement dit : à ceux que l’on nomme plus couramment les “aidants”.
Il en ressort, entre autres éléments, que la tranche d’âge qui rassemble la plus forte proportion d’aidants est celle des 55-64 ans – celle que le gouvernement veut justement maintenir plus longtemps sur le marché du travail.
Plus de 9 millions d’aidants en 2021 selon la DREES
Fondée sur un large échantillon constitué de plus de 330 000 réponses à son enquête sur les principales caractéristiques sociales des aidants, l’étude de la DREES apporte d’abord sa pierre à l’édifice de la quantification des personnes entrant dans cette catégorie.
Alors que l’estimation actuelle du nombre d’aidants n’est guère précise – on entend fréquemment parler de “8 à 11 millions” de personnes – la DREES, pour sa part, identifie “9,3 millions de personnes” qui, en 2021, ont déclaré “apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie”. “8,8 millions d’adultes et 0,5 million de mineurs âgés de 5 ans ou plus sont proches aidants, soit respectivement une personne sur six et un mineur sur vingt” précise-t-elle.
Les 55-64 ans assez largement concernés
Fournissant certains détails relatifs aux propriétés sociales de ces 9,3 millions d’aidants, la DREES met en avant la proportion importante des 55-64 ans qui jouent ce rôle. “Le pourcentage de proches aidants culmine aux alentours de 60 ans : entre 55 et 64 ans, une personne sur quatre est concernée” explique-t-elle ainsi.
Les indications générales avancées par la DREES concernant la nature des aides apportées par les aidants en fonction de leur sexe permettent par ailleurs d’esquisser le type d’aides que ces 55-64 ans fournissent à leur(s) aidé(s) : les femmes “déclarent un peu plus souvent” des aides “régulières” – soutien moral ou aide à la vie quotidienne – tandis que les hommes “sont légèrement surreprésentés parmi les personnes déclarant apporter une aide financière”.
La perspective peu réjouissante de la réforme des retraites
Dans une telle configuration et du point de vue de la question de l’autonomie, on ne peine guère à concevoir que, pour une grande majorité de Français – ceux qui sont d’ores et déjà aidants mais pas seulement, beaucoup de Français n’ignorant pas qu’ils vont bien finir par le devenir – le projet de réforme des retraites actuellement défendu par le gouvernement n’incarne pas vraiment une perspective réjouissante.
Si ce projet devait être mené à son terme, apporter une aide régulière à un proche risque de s’avérer bien plus difficile et éreintant, puisque les aidants ne pourraient plus escompter une sortie, pourtant salvatrice pour eux, du marché du travail entre 60 et 62 ans. Apporter une aide financière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie serait également, selon toute hypothèse, moins accessible encore, puisque dans les faits, la mise en œuvre de ce projet de réforme devrait se traduire par une dégradation de la situation économique des aidants.