Agnès Buzyn, en plein coeur de la guerre des greffes, fait profil bas

La ministre de la santé était attendue, ce vendredi, à l’hôpital de Villejuif pour se prononcer sur l’avenir du service de transplantation de l’établissement. Mais son absence et son silence sur un sujet national interpellent. 

Récemment, les institutions sanitaires se sont félicitées d’avoir vu le nombre de greffes augmenter. En 2017, c’était la barre des 6 000 greffes qui avait été dépassée. Néanmoins, il reste encore 24 000 personnes en attente d’une transplantation. La greffe du rein représente deux tiers des 6 105 transplantations. Vient ensuite les greffes du foie et du cœur. 

Par ailleurs, la ministre de la santé était amenée à prendre la parole sur le sujet ce vendredi à l’occasion de sa venue à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif pour les 25 ans du service hépato-biliaire. 

Un contre-temps de dernière minute

Vendredi, ils étaient une soixantaine d’élus et de syndicalistes à débrayer à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif à l’occasion des 25 ans du service hépato-biliaire pour défendre le service de greffe hépatique. Ils dénonçaient la décision unilatérale de transférer ces opérations de Mondor, où elles étaient actuellement pratiquées, à Villejuif. 

Les syndicats évoquent la « casse de l’hôpital public« . Fabien Cohen, porte-parole de la coordination de défense de l’hôpital explique que « le 18 mai dernier, la ministre avait dit qu’elle ordonnerait un groupe de travail, un mois après, on n’a rien vu venir.«  

Les défenseurs de l’hôpital espéraient au moins que la ministre de la santé reçoive une délégation. Le cas échéant, ce refus serait perçu comme une « provocation« . Les 25 bougies du service ont finalement été soufflées sans la ministre. Son cabinet invoquait, à 15h, un « contre-temps de dernière minute« . 

Nous venons d’apprendre que la ministre ne viendra pas. J’espère que ce n’est pas à cause de nous ! L’absence d’Agnès Buzyn montre qu’elle n’ose pas aller au-devant des gens, c’est un signe que notre mobilisation l’inquiète mais ce n’est pas fini : 80 personnes ont débrayé à Saint-Maurice ce vendredi, le conseil de surveillance a été envahi. Mondor et Paul-Brousse sont debout. Il y aura bientôt Charles-Foix à Ivry et le CHU de Bicêtre. Si c’est un embrasement de tout le Val-de-Marne qu’elle veut, elle l’obtiendra ! 

Fabien Cohen, porte-parole de la Coordination de défense de l’hôpital Mondor 

 

Une association dénonce les inégalités d’accès aux greffes

Dans le même temps, l’association Renaloo dénonçait les manquements du système qui gère les greffes en France. Elle estime ainsi que 46% des greffons sont attribués localement. Selon l’association, le règlement actuellement permet à un établissement préleveur de conserver un rein sur deux pour une « greffe locale », sur un patient inscrit sur la liste d’attente de l’établissement. Le second est nationalisé. Originellement, ce système devait préserver l’activité des équipes indépendamment des besoins des patients. Mais pour les praticiens, il est obsolète. 

C’est un système inéquitable car les taux de prélèvements ne dépendent pas que des équipes, il y a aussi des facteurs épidémiologiques, démographiques ou géographiques qui entrent en compte. Par exemple, à Paris, la population est plus jeune : il y a donc moins d’accidents vasculaires cérébraux. De même, on y meurt moins d’accidents de la route. De fait, il y a moins de morts encéphaliques et donc moins de reins disponibles pour de nombreuses équipes.  

Pr Lionel Rostaing, transplanteur au CHU de Grenoble 

 

Pour certains, ce système serait même dangereux puisqu’il serait vecteur d’inégalités. Les patients disposant de ressources financières moindres se verraient alors proposés des greffons de moins bonne qualité, ou ne pourrait pas payer les frais de transport. Certains devraient même s’enregistrer dans des établissements plus éloignés mais seraient moins tenus au courant. 

L’association Renaloo a formulé une série de propositions qui seront dévoilées au moment des États Généraux de la bioéthique. Elle aurait aussi saisi le Défenseur des Droits et Agnès Buzyn ainsi que le Comité consultatif national d’éthique. Mais là encore, le silence de la ministre sur le sujet détonne. 

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