Agenda social : les syndicats prennent acte du reflux du paritarisme

Quelque peu désemparés face à l’attitude irrévérencieuse adoptée par le Président de la République à l’endroit du paritarisme, les dirigeants des cinq centrales salariales représentatives au niveau national et interprofessionnel tentent, autant que faire se peut, de reprendre la main sur l’agenda social. Ils viennent de proposer au patronat plusieurs thèmes de discussions pour les mois à venir. 

Sauver le paritarisme

En préambule de l’agenda social qu’ils soumettent aux dirigeants des trois confédérations patronales françaises : le Medef, la CPME et l’U2P, les dirigeants des organisations salariales insistent lourdement sur l’importance qu’ils accordent à “la négociation collective interprofessionnelle”. Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Pascal Pavageau (FO), François Hommeril (CGC-CFE) et Philippe Louis (CFTC) l’assurent en effet : “Nos organisations syndicales sont très attachées au dialogue social et à la négociation collective interprofessionnelle entre les interlocuteurs sociaux, facteurs de progrès social au bénéfice tant des salariés que des entreprises”. Partant de là, les cinq responsables syndicaux déclinent plusieurs thèmes de discussions paritaires qu’ils aimeraient aborder avec leurs homologues patronaux. 

Négociations, délibérations et réflexion

En premier lieu et en lien avec la “concertation” organisée par le gouvernement au sujet de la santé au travail, ils attendent du patronat qu’il s’engage dans une négociation sur la qualité de vie au travail. D’autre part, les dirigeants syndicaux insistent sur la nécessité de mener à bien la négociation sur la définition du statut de cadre. Parallèlement à ces deux négociations, ils voudraient que se tiennent deux “délibérations”, l’une sur le thème “Transitions numérique, écologique et énergétique: nouvelles formes d’emploi et travailleurs des plateformes” et l’autre sur les “discriminations dans l’accès au travail quelles qu’en soient les modalités (embauche, stages, apprentissage, formation)”. Enfin, à l’évidence volontaires pour prendre beaucoup de hauteur, ils ont fait part de leur volonté de lancer une “réflexion” concernant “le modèle économique et social en Europe”. 

Un horizon paritaire rétréci

Les souhaits exprimés par les dirigeants syndicaux témoignent du rétrécissement important de l’horizon paritaire qui est à l’oeuvre depuis qu’Emmanuel Macron dirige le pays. Il se trouvera, certes, de bonnes âmes pour affirmer qu’une délibération sur les discriminations à l’embauche ou une réflexion sur l’avenir de l’Europe constituent des objectifs ambitieux pour le paritarisme français. En réalité, ces enjeux ont tout l’apparence d’enjeux de repli. D’ailleurs, dans leur lettre au patronat, les syndicats ne demandent finalement l’ouverture que d’une seule négociation, importante en l’occurrence, sur la qualité au travail. Cantonnés à un rôle mineur par l’exécutif dans le cadre des réformes sociales les plus cruciales : marché du travail, chômage, retraite notamment, les syndicats de salariés ont tout l’air d’avoir pris acte du reflux du paritarisme organisé par M. Macron. 

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