Affaire Uber : Le juge européen valide l’offensive de la France

Dans l’affaire qui oppose Uber à la France, le juge européen vient de rendre une décision très intéressante qui valide les mesures de sanctions nationales. 

Rappelons que la France a, par la loi du 1er octobre 2014 relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur, inséré dans le code des transports une sanction pénale spécifique pour palier au développement grandissant des VTC de la société Uber. Cette sanction pénalise le fait d’organiser un système de mise en relation de clients avec des personnes qui effectuent du transport routier de personnes à titre payant dans des véhicules de moins de dix places. 

La CJUE vient de préciser que la France avait le droit de prendre ces mesures sans en informer au préalable la Commission européenne. Explications. 

 

Affaire Uber : le doute du TGI sur la conformité du droit français

C’est le tribunal de grande instance de Lille qui a posé à la CJUE une question préjudicielle. 

En effet, la directive européenne 98/34 précise que tout projet nationale de nouvelle règle technique relative aux services de la société d’information (dont font partie les applications mobiles) doit au préalable faire l’objet d’une communication immédiate à la Commission. Plus intéressant encore, une autre directive, la 2006/123, relative aux “services dans le marché intérieur” exclut spécifiquement de son application les “services de transport, y compris les transports urbains“. 

La question posée par le juge français au juge européen est alors de savoir si la loi française du 1er octobre 2014, destinée à pénaliser des services de transport de personnes tels qu’Uber, relève de la directive 98/34 ou de la directive 2006/123. 

Si elle relève de la directive 98/34, alors il n’y a pas eu communication préalable du projet à la Commission : cela pourrait entrainer l’inopposabilité des sanctions prévues par la loi française à Uber. 

Si elle relève de la directive 2006/123, alors la loi française s’applique sans autre modalité supplémentaire et la société Uber est bien soumise aux sanctions pénales. 

 

La France peut sanctionner Uber sans notifier préalablement la Commission

La CJUE est claire dans sa décision du 10 avril 2018, la loi française du 1er octobre 2014 relative aux transports de personnes ne peut être qualifiée de règle “relative aux services de la société de l’information”. Il en découle que la France n’avait pas à informer la Commission du projet de règlementation : la loi est donc entièrement applicable et Uber doit en subir les conséquences. 

 

Pour accéder à l’intégralité de la décision, cliquez ici

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Indemnité de cantine fermée “covid” : le juge tranche en défaveur des télétravailleurs

La crise sanitaire de 2020 a provoqué la fermeture de nombreux lieux de rassemblement de population, dont la fameuse cantine d'entreprise. Or, certaines entreprises ont dû maintenir une activité dans leurs locaux pour assurer la continuité de service. Dans ce cadre, une indemnité dite de cantine fermée a été mise en place pour permettre aux salariés présents de ne pas être lésés par la fermeture du restaurant normalement accessible dans le cadre de leur emploi. Mais cette indemnité a fait naître quelques litiges, dont...
Lire plus

Obligation de prévention et sécurité : c’est à l’employeur de montrer patte blanche en cas d’accident

En entreprise, l'employeur est tenu de respecter des mesures de prévention et sécurité afin de protéger la santé de ses salariés. Les dispositions du code du travail encadrent cette obligation avec précision. Mais que se passe-t-il en cas de manquement de l'employeur ? Le salarié peut-il considérer que cette violation de ses obligations légales par l'entreprise constitue un motif de rupture de contrat de travail aux torts de l'employeur ? Dans ce cas, sur qui repose la charge de la preuve ? C'est à cette question que...
Lire plus

Un hôpital condamné pour faute inexcusable après l’agression physique d’une salariée

C'est un arrêt très important que vient de rendre la Cour de cassation au sujet de la responsabilité d'un hôpital en cas d'agression physique de l'un de ses employés. On ne compte plus les faits divers rapportant de tels événements, souvent survenus ces dernières années dans des services d'urgences saturés. Ici la Cour reprécise les éléments caractéristiques de la faute inexcusable en matière d'obligation légale de sécurité et de protection de la santé des salariés. ...