A Marseille, la gestion des hôpitaux voit double

Les achats constituent pour les hôpitaux de Marseille 30 % du montant total des charges de fonctionnement de l’établissement, soit 405M€. Et si des tentatives d’économies ont bien été testées, force est de constater qu’elles ont été insuffisamment suivies, à cause notamment de la gestion chaotique des deux institutions censées se partager l’achat des médicaments.  

En 2015, les achats des établissements publics de santé représentaient 25 Mds€. Dans les hôpitaux, ces chiffres correspondent à une augmentation de 52 % du budget alloué aux achats en seulement 10 ans. 

 

 

Deux institutions qui peinent à cohabiter

Depuis 2010, l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a connu une forte augmentation des achats sur la période 2010 à 2015 : 12 %, alors que dans le même temps l’activité de court séjour n’a augmenté que de 4 %.  

Conscient de ce poste de dépenses qui prend de plus en plus d’importance, l’établissement a souhaité professionnaliser sa fonction d’acheteur. La création d’un service central des opérations pharmaceutiques (SCOP) a permis de doucement se lancer. Un directeur des achats est nommé en 2013. Deux ans plus tard, la direction des achats voit le jour. Mais en 2016, cette dernière perd son indépendance et est absorbée par celle qui régit la l’approvisionnement et la logistique.  

Ainsi, la SCOP et la direction des achats cohabitent dans un seul ensemble. Et si la première est bien établie, la seconde peine à trouver sa place. 

Le rôle défaillant de l’hôpital

La fonction d’achat repose donc sur des objectifs pluriannuels. Seulement, aucune politique formelle d’institutionnalisation n’a été mise en place. L’ordonnateur s’explique en affirmant qu’il était impossible de régler ce problème du fait de la nécessité de créer la direction des achats mais aussi de réorganiser les autres directions.  

Pour autant, même si la mutualisation des achats est mise en place, le suivi de performance se montre plus que lacunaire puisque aucune analyse globale n’est disponible. Les suivis de performance étant réalisés au cas par cas. 

L’ordonnateur a précisé que le contrôleur de gestion, arrivé en 2016, aurait récemment élaboré des tableaux de bord mais que l’absence d’un système d’information dédié aux achats rendrait « leur utilisation compliquée ». L’établissement se serait engagé dans l’acquisition et le développement de cet outil. 

La CRC conclut donc en montrant que l’établissement n’a aucune « visibilité globale de ses achats, nécessaire à un pilotage efficient. » Par ailleurs, les réponses de l’ordonnateur qui explique que cette vision globale était assurée par des comités d’achats réunissant les directions concernées, ne répondent pas à la question de l’absence d’une évaluation globale.  

La Chambre recommande donc de fiabiliser et centraliser les données relatives aux achats, de remédier aux problèmes logistiques liés aux logiciels utilisés pour la gestion de ces achats et de mettre en place un système d’information spécifique à l’achat permettant de contrôler la computation des seuils.  

Au final, l’hôpital de Marseille se retrouve avec deux institutions incapables de cohabiter et qui ne savent pas quoi acheter comme médicaments car elles ne coopèrent pas. La stratégie d’économies prévue n’est donc pas réalisable. 

Mais ça, les gestionnaires de l’hôpital ne s’en préoccupent pas. Ils préfèrent sans doute payer un logo à 150 000€ et ne pas changer les draps des lits des patients… 

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