Alors que la grève qui a lieu à la SNCF contre la réforme ferroviaire a débuté depuis plus d’un mois, des signaux de sortie de crise se multiplient. Commentant la reprise de la concertation avec le gouvernement, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a ainsi notamment affirmé que les “15-20 jours” à venir allaient être “décisifs”. Un optimisme de vendeur de peau d’ours encore vivant ?
La CFDT veut croire à la concertation
Comme les trois autres organisations salariales représentatives à la SNCF et parties prenantes de la grève : la CGT, l’Unsa et Sud, la CFDT a été reçue lundi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe. Pour la CFDT, cette réunion au sommet a été l’occasion de proposer à l’exécutif “42 amendements” à la loi sur la réforme ferroviaire, ayant essentiellement pour objet de garantir le haut niveau des conditions sociales futures des cheminots et l’ancrage dans le secteur public de l’activité ferroviaire. Dans le cadre de la seconde rencontre prévue à la fin du mois entre les syndicats de la SNCF et le Premier ministre, la CFDT a promis de vérifier que le gouvernement entendait vraiment prendre en compte ses propositions. Comme gage de sa bonne volonté, la CFDT a répondu favorablement, aux côtés de l’Unsa, à l’invitation à la “concertation” organisée aujourd’hui par Elisabeth Borne, la ministre des Transports.
Guillaume Pépy tout feu tout flamme
Plus optimiste encore que la CFDT, Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, a pour sa part annoncé dans les colonnes du Parisien le lancement d’une opération de séduction des voyageurs par la compagnie nationale. “Entre le 15 mai et le 31 août, nous proposerons 3 millions de billets de TGV à moins de 40 euros sur toutes les destinations et tous les jours” a-t-il en effet indiqué, se félicitant en outre de la vente à tarif réduit des cartes commerciales offrant des réductions sur le prix des billets de train. M. Pépy s’est justifié en invoquant une nécessaire bienveillance envers des usagers malmenés par la grève : “Il me paraît totalement normal d’avoir un signe sympathique vis-à-vis de nos clients pour redonner de la confiance”. Pour Guillaume Pépy, les choses sont claires : la grève actuelle à la SNCF fait partie du passé et un avenir radieux s’offre aux voyageurs du rail français.
Un référendum pour la fin du conflit ?
Pour Guillaume Pépy comme pour la CFDT, le référendum prévu par les organisations salariales de la SNCF entre le 14 et le 21 mai afin de connaître la position des salariés de la compagnie au sujet de la réforme ferroviaire, pourrait consolider les conditions d’une fin de conflit. S’il est vrai que le patron de la SNCF a affirmé être en désaccord avec le principe de la consultation des salariés, il n’en demeure pas moins qu’une consultation qui rencontrerait un faible taux de participation, voire, cas envisageable, qui finirait sur un résultat allant à l’encontre du souhait des syndicat, sonnerait le glas de la grève. Du point de vue de la CFDT, un net refus du projet gouvernemental par les salariés de la SNCF constituerait un puissant argument dans le cadre des négociations avec l’exécutif et permettrait d’obtenir des concessions suffisamment importantes pour accepter la réforme.
Une consultation à double tranchant
Possible outil d’une rapide sortie de crise, la consultation des salariés pourrait toutefois également s’avérer être à double tranchant. Une participation élevée au référendum, doublée d’un refus très franc du projet gouvernemental de réforme ferroviaire, conforterait largement les positions des organisations favorables à la poursuite de la grève : la CGT et Sud. Dans l’état actuel des choses, l’optimisme de la CFDT et de Guillaume Pépy apparaît donc encore quelque peu osé.