Il y a quelques jours, la décision de Stellantis, le groupe automobile qui regroupe PSA et Fiat Chrysler Automobiles, de recourir à de la main d’œuvre italienne afin de faire fonctionner son site de Vesoul, en remplacement de travailleurs intérimaires français, a suscité de vives réactions de la part des organisations syndicales de l’entreprise.
En particulier, Jean-Pierre Mercier, bouillonnant et médiatique délégué syndical CGT de l’entreprise, s’est emporté contre ce qu’il a estimé être “un vrai scandale”. En effet a-t-il expliqué, alors que “le site de Vesoul croule sous le travail, il y a un retard de production monumental” – qu’autrement dit : il faut de la main d’œuvre – l’employeur a mis fin aux fonctions de trois cents intérimaires français pour les remplacer par deux cents travailleurs italiens. Pour Jean-Pierre Mercier, cette décision procède d’une “véritable politique de mise en concurrence des travailleurs les uns contre les autres”, destinée à “augmenter encore les bénéfices malgré la crise de semi-conducteurs” et à “tirer les salaires et les conditions de travail vers le bas”.
Bien lancé dans sa dénonciation de la politique sociale internationale de Stellantis, le représentant de la CGT s’employait finalement à défendre le fait que, dans chaque pays, l’emploi doit être occupé par des nationaux. “C’est aussi nous mettre dans la tête qu’aujourd’hui il faudra traverser l’Europe pour gagner notre croûte. À partir du moment où Carlos Tavares arrive à forcer la main à des travailleurs de Pologne ou d’Italie pour venir en France, dans le sens inverse, cela nous pend au nez” s’inquiétait-il.
En découvrant cette prise de position – qui, sur le fond, ne manque pas du tout de pertinence, bien au contraire – certains acteurs et observateurs de la vie politique ont toutefois peut-être dû relire une seconde fois le nom du délégué CGT afin de s’assurer qu’il s’agissait bel et bien de Jean-Pierre Mercier. Car en effet, il y a quelques jours, sur le plateau de CNews, c’est par une tout autre analyse sur l’immigration que ce même Jean-Pierre Mercier s’est distingué. Alors que Jean-Messiha, ancien responsable du Rassemblement National, déplorait l’immigration massive subie par la France ainsi que les conséquences sociales, pour les travailleurs, de la constitution de cette “armée de réserve”, le représentant de la CGT n’a pas caché sa colère contre les propos de M. Messiha, l’accusant de promouvoir une France “aryenne” et de dire “n’importe quoi” au sujet des liens entre immigration et accumulation des profits capitalistes et s’interrogeant même sur une éventuelle consommation d’alcool de sa part.
A la CGT, entre préférence nationale et défense de l’immigration de masse, on ne sait pas toujours sur quel pied danser – et le travailleur français, non plus…