A la CGT, Martinez continue de placer ses pions pour le (très macronien) 100 % Sécu

Depuis que Philippe Martinez a pris le pouvoir à la CGT, l’organisation n’en finit plus de défrayer la chronique. En particulier, les dérives de son mode de fonctionnement interne font régulièrement les choux gras de la presse – y compris, il faut bien le reconnaître, les nôtres – aussi bien que ceux du monde de l’édition – comme en témoigne la parution récente d’un ouvrage consacré à la question.

 

N’ayant apparemment pas, parmi ses bonnes résolutions pour l’année 2021, pris celle de pratiquer le pouvoir de manière plus collégiale, Philippe Martinez approfondit son œuvre de mise à l’écart systématique – et brutale – des responsables qui ont émergé lorsque Bernard Thibault dirigeait la centrale. Ce renouvellement des cadres s’inscrit notamment dans une démarche de plus en plus structurée de revendication du 100 % Sécu dans le domaine de la protection sociale. 

Les “emplois Kleenex” de la CGT

Pour rappel, à la CGT, c’est à partir de 2018 que les perspectives de nombreux représentants de premier plan ont commencé à s’assombrir. Dans le domaine de la protection sociale, celui que l’on se met à surnommer, à Montreuil puis dans la presse, le “général Tapioca”, juge alors bon d’évincer sans aucun ménagement Mijo Isabey, qui, depuis de nombreuses années, est une spécialiste de la protection sociale, reconnue pour ses compétences dans l’ensemble du monde paritaire et même au sein de l’appareil politico-administratif d’Etat. Le patron de la CGT en profite pour purger le service que dirigeait Mme Isabey de ses éléments les plus gênants. Le cas de Jean-François Naton – chargé du secteur travail, santé et protection sociale à la CGT et vice-président du CESE – est ainsi cité. Il est vrai que M. Naton a le vilain défaut d’être le mari d’Agnès Naton, que Bernard Thibault aurait bien voulu avoir comme successeur. 

La crise sanitaire aidant sans doute, le général Tapioca a ensuite dû se consacrer à d’autres grandes manœuvres pendant un certain nombre de mois. Hélas pour les cadres de la CGT, l’heure n’est plus aux diversions. En cette fin d’hiver, s’apprêtant à préparer son Champ de mars, Philippe Martinez aurait une idée précise de ses prochaines proies. D’une part, il paraît entendu que la représentation de la CGT à l’Assurance Maladie va connaître une évolution importante. D’autre part, alors que la mandature actuelle du CESE, qui a été prorogée d’un an, doit prend fin au milieu de l’année, les interrogations se multiplient quant aux mouvements importants qui ne manqueront pas d’avoir lieu à cette occasion. “Ca risque de valser” résume un responsable confédéral. Gageons que le patron de la CGT va profiter de ces échéances afin, une nouvelle fois, de démontrer sa maîtrise des méthodes modernes de management en douceur. 

La dérive étatiste de la CGT

Les rumeurs vont bon train quant à l’identité des futurs représentants de la CGT au sein de ces deux institutions. “Pour la CNAM, le nom de Christophe Prudhomme revient avec insistance” affirme un bon connaisseur des arcanes confédérales cégétistes. A la pointe de la contestation des médecins urgentistes, Christophe Prudhomme est un militant médiatique de la CGT. “Pour ce qui concerne la future délégation CGT au CESE en revanche, rien ne filtre”, précise notre interlocuteur, qui s’interroge : “Martinez choisira-t-il des profils avant tout militants, comme ceci est plutôt la norme dans une centrale ouvrière, ou alors fera-t-il le choix de nommer des experts ?” La question ne manque pas de pertinence puisque, ces derniers mois, du côté de Montreuil, les bureaucrates experts, moins gênants pour Philippe Martinez que des militants rompus aux mauvais coups internes, se multiplieraient comme les pains au sein des services permanents. 

Quoi qu’il en soit de l’identité des futurs mandataires cégétiste à la CNAM ou au CESE, une chose est sûre : tous ces nouveaux sélectionnés devraient avoir un point en commun, celui de se faire avec conviction les porte-parole du nouveau credo du patron de la CGT en matière de protection sociale, le 100 % Sécu. “Alors que, jusqu’à l’arrivée de Philippe Martinez, la CGT défendait le principe d’une approche mélangeant couverture par la Sécurité sociale et couverture définie par les partenaires sociaux, afin de ne pas être à la merci des impératifs budgétaires définis à Bercy, depuis sa prise de pouvoir, les décisions et nominations de mandataires vont systématiquement dans le sens du 100 % Sécu” déplore le responsable confédéral cité plus haut. Ainsi donc, tout indique que, dans les prochaines semaines, le chef de la CGT devrait prendre de nouvelles décisions destinées à faire le lit du projet macronien d’étatisation de nouveaux pans de la protection sociale. 

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