Alors que les différents camps politiques s’activent afin de tenter de placer leur pion dans le cadre de la mise en place – fort complexe en l’absence d’une quelconque majorité absolue – d’un futur gouvernement, le MEDEF, principale confédération patronale française, multiplie les prises de position sur le sujet.
A l’analyse, les prises de position du MEDEF apparaissent, certes, quelque peu curieuses puisque malgré la déroute électorale du macronisme, il n’en appelle pas moins à pérenniser une gestion du pays qui s’inscrive dans la continuité de celle opérée ces dernières années.
La gauche sans doute “fatale” à l’économie française
Dans une interview qu’il a accordée cette semaines aux Echos, Patrick Martin, le président du MEDEF, n’a pas fait mystère de ce qu’il pense – et, sans nul doute, avec lui, une grande partie du patronat français – de la perspective de la mise en place d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire (NFP) qui appliquerait le programme électoral qu’il a mis en avant lors de la campagne électorale. L’application de ce programme, dont il a jugé qu’il est celui de la France Insoumise, serait selon lui “fatale pour l’économie française et précipiterait notre déclin”. “On a l’impression que le débat politique s’est affranchi des réalités économiques, beaucoup de responsables ne parlant que d’augmentations de dépenses et d’impôts” a-t-il en effet précisé, mettant en garde : “Or, la réalité nous rattrape toujours”. Le MEDEF affirmait ainsi clairement qu’il était opposé à la mise en œuvre du programme du NFP.
Le soutien réitéré du MEDEF au macronisme…
Si cette prise de position n’était guère surprenante de la part du MEDEF, elle ne permettait toutefois pas d’en savoir plus quant à ses préférences concernant le futur gouvernement et son programme d’action. Sur ce thème, il faut s’en référer à un communiqué publié dès le lendemain du second tour par la confédération patronale. “La politique économique menée depuis 9 ans, qui a produit des résultats en termes de croissance et d’emplois doit se poursuivre et s’amplifier car elle est la bonne réponse pour affronter les défis des transitions écologique et numérique que le pays doit relever” peut-on par exemple lire dans ce communiqué. Autrement dit, malgré la déroute électorale subie par le camp macroniste, le MEDEF a, aussitôt après cette déroute, réaffirmé son soutien à la politique suivie par ce camp.
… et à une gestion du pays reposant sur Macron
Plus encore, il a semblé promouvoir une gestion du pays où l’exécutif ne se laisse pas emporter par les nouveaux équilibres parlementaires. “Le Medef appelle le Président de la République, garant de la cohésion nationale, à faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans. Il en va de la place et du rôle de la France en Europe et dans le monde” a-t-il en effet plaidé. S’il est probable que la confédération patronale affirme ici, de manière euphémisée, qu’elle est favorable à une coalition des forces centrales pour diriger le pays, il n’en demeure pas moins que la formulation retenue peut laisser entendre qu’elle ne serait pas opposée à ce que le chef de l’Etat prît en compte avec recul les résultats électoraux afin qu’il pût continuer à mettre en œuvre sa politique économique.
La curieuse analyse politique du MEDEF
Ces diverses prises de position du MEDEF peuvent légitimement interroger quelque peu au sujet de la clairvoyance politique du patronat français. Selon toute évidence, le soutien des Français aux orientations politiques macronistes est clairement minoritaire. Le macronisme est en outre incarné par un personnage qui n’hésite pas à risquer la stabilité du pays pour de sombres calculs de stratégie politicienne. D’un point de vue politico-institutionnel – pour ne parler que de cela – le macronisme a placé la France au bord du gouffre. Malgré ses échecs patents, le MEDEF continue pourtant à le défendre comme une orientation d’avenir pour la France. Il se met ainsi lui-même hors-jeu pour la définition d’une solution politique de sortie de crise.