L’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) publie une nouvelle évaluation des conséquences du télétravail. Réalisée entre février et avril 2021, cette étude permet de faire un point sur les tendances observées dès le 1er confinement en 2020. Si certains indicateurs restent au vert, ceux qui portent sur les risques psycho-sociaux restent préoccupants.
La publication de l’Anact met en avant le décalage des réponses liées aux risques psycho-sociaux par rapport aux données récoltées en 2020. Loin de se contenter de signaler les difficultés rencontrées par les salariés, l’étude propose son point de vue sur les pistes de prise d’amélioration possible, notamment dans l’organisation du travail à distance.
Le télétravail impacte la santé de salariés encore trop silencieux sur leurs difficultés
Parmi les difficultés rencontrées par les télétravailleurs, l’Anact souligne que les salariés sont désormais 37% (au lieu de 17% en 2020) à indiquer que leurs relations de travail se sont plutôt dégradées. Le fait que tous les échanges se fassent à distance, parfois exclusivement par mail, peut renforcer ce sentiment de déshumanisation des relations professionnelles.
D’autres signaux inquiétants surgissent : 63% des répondants (67% si l’on ne prend en compte que les managers) ont le sentiment de travailler plus. C’est largement supérieur aux 48% constatés en 2020. Le télétravail en période de crise impacte aussi le sentiment de fatigue. Les salariés éprouvent de la fatigue à 50%, ce qui est 15 points supérieur à 2020. D’autres facteurs comme la fatigue et l’angoisse de revenir sur le site de l’entreprise sont prépondérants dans les réponses, respectivement à 40% et 39%.
Le paradoxe de ce mal-être en télétravail tient au manque de communication avec les managers. Seulement 19% des répondants disent en parler à leur supérieur tandis qu’ils étaient 40% en 2020. Les salariés concernés se sentent de plus en plus isolés. 52% d’entre eux seulement échangent au moins une fois par semaine avec leur manager.
Réduire le risque psycho-social par le dialogue et le collectif
Pour faire face à ces risques psycho-sociaux importants, l’Anact développe quelques axes qui peuvent être suivis par les entreprises. La clef pour réduire les sentiments d’angoisse, d’isolement et de fatigue réside dans la définition d’un cadre pérenne adapté au télétravail.
En effet, malgré les difficultés rencontrées par les salariés, ceux-ci souhaitent conserver au moins 1 ou 2 jours de télétravail par semaine à 56%. Le taux passe à 36% pour plus de 3 jours par semaine. Comme le dit l’Anact, ce mode de fonctionnement est un challenge à relever pour les entreprises qui doivent pérenniser leur activité malgré un mode de travail hybride.
L’enjeu qui se présente aux entreprises est multiple. Il s’agit par exemple de rétablir un lien avec les salariés en télétravail (cela passe notamment par la formation des managers à ce type d’encadrement). Il peut également s’agir de mieux dialoguer avec les télétravailleurs pour recueillir leurs ressentis et définir collectivement des axes d’amélioration. Il n’existe évidemment pas de formule magique unique pour répondre aux difficultés liées au télétravail. Chaque entreprise doit donc trouver l’organisation qui lui correspond le mieux.