Mouvement du 17 novembre : les salariés abandonnés par les dirigeants syndicaux

Alors que s’organise peu à peu la mobilisation du 17 novembre prochain contre, entre autres choses, la hausse du prix des carburants et des combustibles de chauffage, les Français, dont beaucoup sont des salariés, ont pu noter que les confédérations syndicales ne se pressent pas pour soutenir le mouvement, quand elles ne le dénoncent pas. Une attitude qui en dit long sur les priorités des dirigeants syndicaux. 

FO, la CFTC et la CFE-CGC en toute discrétion

Du côté de FO, de la CFTC et de la CFE-CGC, c’est la discrétion qui l’emporte. On ne s’en étonnera guère de la part de la CFTC, dont le président, Philippe Louis, réaffirme dès qu’il en a l’occasion que la politique d’Emmanuel Macron lui convient tout à fait ou presque – les élections européennes diront si les Français en pensent autant… On ne s’en étonnera pas non plus de la part de FO, empêtrée dans des affaires internes peu glorieuses qui ne contribuent pas à ce qu’elle se saisisse des problèmes concrets des travailleurs. On s’en étonnera un peu plus de la part de la CFE-CGC, dont le président François Hommeril, interrogé par l’Express, a déploré la hausse de la fiscalité sur les carburants, “goutte d’eau qui fait déborder le vase”, tout en se montrant sceptique au sujet de la mobilisation du 17 novembre, extérieure “à la sphère syndicale” et trop rapidement organisée pour que la CFE-CGC ait pu en discuter. 

La CFDT et l’espérance écologiste

Assumant une prise de position officielle sur le sujet, la CFDT a pu sembler défendre la mobilisation de la semaine prochaine. Son communiqué de presse, publié il y a quelques jours, débute en effet ainsi : “La CFDT comprend et soutient les salariés qui manifestent leur mécontentement face à une nouvelle hausse des prix du carburant”. Hélas pour eux, le restant du communiqué vise à démontrer qu’ils se trompent. “L’urgence climatique” doit conduire à un “changement de comportement” des Français, afin qu’ils se déplacent de manière “plus propre”. La CFDT l’assure : elle “défend le principe d’une transition écologique juste et équitable”, accompagnée si nécessaire de “mesures sociales” spécifiques. Le salarié moyen, poussé au diesel depuis vingt ans et désormais assommé à chaque passage à la pompe, verra-t-il la lumière dans ces bonnes paroles d’espérance écologiste ? Non, sans nul doute. 

La CGT en lutte contre le fascisme

Si la CFDT a au moins le mérite de se montrer compréhensive vis-à-vis des salariés exaspérés, la CGT les désespère en revanche tout à fait. Dans un communiqué long comme un jour sans pain, publié fin octobre sur le site internet de la centrale – mais qui a été retiré depuis, comme le constateront nos lecteurs… et que l’on peut donc retrouver à d’autres endroits, comme ici – la centrale dirigée par Philippe Martinez se perd dans des considérations politicardes incompréhensibles pour le brave salarié qui ne réussit plus à boucler ses fins de mois. Jugeant que la manifestation est “une mobilisation d’extrême-droite”, M. Martinez la dénigre et considère qu’il n’y a rien à en attendre de bon. A lire de tels propos, on comprend fort bien comment la CGT en est venue à perdre sa première place dans le secteur privé. Plus que jamais, ses dirigeants sont à mille lieux de la base salariale. 

Un boulevard à la pétaudière

En somme, les salariés français sont représentés par des syndicats qui, pour certains, préfèrent se tenir à bonne distances de certains de leurs problèmes les plus urgents, pour un autre, leur propose un prêchi-prêcha qui ne les aidera en rien à faire face à ces problèmes, et enfin, pour le dernire, pire encore, les rejette du côté des fascistes s’ils manifestent leur mécontentement. Les salariés apprécieront tout ceci à sa juste valeur. Les conditions sont décidément réunies pour que la mobilisation, si elle devait s’avérer réussie, puisse tourner à la pétaudière. 

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