Les experts européens de l’agroalimentaires en plein conflit d’intérêt

Cet article provient du site du syndicat FO.

Alors que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) devait voter le 21 juin des nouvelles règles d’indépendance, un rapport dénonce les conflits d’intérêts entre ses experts et l’industrie agroalimentaire. 

46% des 211 experts officiant à l’Autorité européenne de sécurité des aliments seraient en situation de conflits d’intérêts avec des grandes entreprises de l’agroalimentaire, affirme un rapport publié récemment par l’ONG Observatoire de l’Europe des entreprises (Corporate Europe Observatory). C’est moins que les 59 % répertoriés en 2013 mais le chiffre reste important. 

Problème : le rôle de cet organisme créé en 2002 est de fournir des avis scientifiques impartiaux aux institutions européennes. Et les deux tiers de sa charge de travail consiste à évaluer les risques liés à des substances présentes dans la chaîne alimentaire. Ses avis sont essentiels pour leur mise sur le marché dans l’Union. 

Plusieurs recrutements sur la sellette

L’Efsa a fermement démenti les conclusions du rapport. Son porte-parole a indiqué que les experts ne pouvaient participer à des évaluations s’ils n’avaient pas défait leurs liens financiers avec les entreprises intéressées par les évaluations de l’autorité. 

Pourtant le rapport cite en exemple plusieurs recrutements qui posent problèmes : comme celui du responsable du département de l’évaluation des risques et de l’assistance scientifique recruté en 2015 et qui est membre du conseil scientifique d’une fondation cofondé par la multinationale Unilever. 

Ou celui du vice-président de la commission d’expert sur le risque biologique qui entretient des liens avec une association professionnelle de l’industrie alimentaire danoise. La liste est longue malgré les demandes maintes fois répétées du Parlement européen afin que l’Efsa mette en place des procédures de recrutement assurant son impartialité et son indépendance. 

Deux ans de carence

Les députés exigent que lors de la nomination de nouveaux experts, l’Efsa s’assure qu’ils n’aient pas été financés ou employés durant les deux années précédentes par une entreprise dont les produits sont évalués par l’agence européenne. Les auteurs du rapport souhaitent que cette période soit élargie à cinq ans. 

L’Efsa assure que les intérêts financiers de tous les experts participant à ses jurys ont été examinés soigneusement. Or, remarque l’ONG, l’Autorité ne prend en compte le financement de la recherche que s’il dépasse 25% du budget de recherche géré annuellement par l’expert. Et dans le projet de nouvelle politique de l’Efsa pour assurer son indépendance, le financement de la recherche est totalement exclu du champ d’application de la période de carence de deux ans. Or, affirme le rapport, les exemples abondent dans le domaine du tabac, de l’amiante, de l’essence au plomb ou du sucre, le financement de la recherche est outil classique d’influence dans le processus de prise de décision publique. 

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