Relancer l’acier français ? Plus qu’un projet pour la CGT

Cet article a été rédigé pour le site du syndicat de salariés CGT

 

La CGT a engagé une campagne de reconquête de l’industrie. En effet, il est illusoire de penser résoudre la dramatique question du chômage sans redresser l’économie et par conséquent sans redresser l’industrie. La légère embellie actuelle le met en évidence qui contribue de fait à accentuer le déséquilibre commercial. Dans notre démarche, nous affirmons qu’il n’y a pas une industrie du passé, sur laquelle il faudrait tirer un trait, et une industrie d’avenir hautement technologisée qui serait le produit de la génération spontanée.
La vision étroite du gouvernement, en particulier du ministre de l’Économie, ânonnant « compétitivité-productivité-numérique » est affligeante. L’avenir de l’industrie n’est pas soluble dans le 4.0 ou la France startup Nation. La sidérurgie en est un exemple frappant. L’acier est un produit de base pour l’industrie et le bâtiment. La conséquence sur l’outil industriel, dans ce domaine, conduit à ce que les importations d’acier ont augmenté, la seule année dernière, de 52,8% d’après les données Eurostat. Aujourd’hui la France produit trois fois moins d’acier que l’Allemagne, alors que les aciéries électriques permettent une production qui minimise les émissions de Co2 et recycle la ferraille.
Les exportations des déchets en France croissent régulièrement et fortement et contribuent, artificiellement, à diminuer le déficit de la balance commerciale. Quand on sait la place de plus en plus importante que prennent la matière et sa valorisation, n’est-ce pas une hérésie économique, sociale, environnementale de ne pas se donner les moyens de recycler, transformer la matière première ? Devons-nous continuer à démanteler des bateaux dans le sud de la France, transporter la ferraille sur des camions pour les emmener au port du Havre et la charger, ensuite, dans des navires pour aller se faire recycler en Chine ou en Allemagne ?
Les marchés de l’acier repartent à la hausse : la CGT réclame la relance des capacités de production en Moselle.
Ce lundi 4 juin se déroulait sur Florange une nouvelle commission de suivi de l’accord Mittal-État français, accord signé en novembre 2012, d’une durée de 6 ans, et arrivant donc à échéance.
Un accord qui avait entériné la mise « sous cocon » des hauts fourneaux et de l’aciérie de Florange et qui concluait en ces termes : « À l’issue de ces 6 ans, ArcelorMittal doit étudier la possibilité de redémarrer une activité au niveau haut fourneau sur le site de Florange, soit en cas de retournement du marché, soit en cas d’évolution technologique. »
Tous les marchés de l’acier sont sérieusement orientés à la hausse, notamment depuis 2017 (autour de 4% sur les marchés construction ou automobile), avec d’excellentes perspectives au moins jusqu’en 2020. La stratégie du groupe ArcelorMittal repose sur la seule politique de l’offre, répondant aux marchés les plus juteux tel l’automobile mais ne répondant pas à la globalité de la demande d’acier. Les outils de production sont saturés. Ceci a généré un appel d’air sur les importations en France et en Europe, toutes deux devenues déficitaires dans leur balance commerciale acier.
Il est possible de relancer la production d’acier à Florange de manière respectueuse de l’environnement, dans une logique de coopération industrielle.
La CGT rappelle également les enjeux de consolidation des aciéries électriques en Lorraine : Ascométal Hagondange est confronté aux ambitions du repreneur Schmolz & Bickenbach de fermer son aciérie à fin 2019 ; Gandrange est confronté à des difficultés d’approvisionnement, ce qui relance la question de réimplanter une aciérie électrique sur le site. Sur le plan environnemental, les aciéries électriques s’inscrivent totalement dans le concept d’économie circulaire, valorisant la filière ferraille. L’implantation d’une nouvelle aciérie électrique en Moselle faisait d’ailleurs partie des propositions de la commission d’enquête parlementaire de 2013 sur l’acier.
Il est significatif que, dans les 16 comités de filière mis en place par le conseil national de l’industrie, sous l’égide du Premier Ministre, aucun ne soit dédié à la sidérurgie alors qu’elle est indispensable pour relancer l’industrie. La CGT demande d’organiser des assises nationales de la sidérurgie. Les discours ne suffisent plus, il est grand temps de passer aux actes. 

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