Le représentant du personnel qui utilise son crédit d’heures à des fins personnelles peut être sanctionné

Cet article provient du site du syndicat CFDT.

 

L’utilisation par un salarié protégé de ses heures de délégation pour exercer une autre activité professionnelle méconnait l’obligation de loyauté. A ce titre, les faits commis pendant ces heures peuvent faire l’objet de sanctions disciplinaires, pouvant aller jusqu’au licenciement pour faute. CE, 27.03.15.n°371174. 

 

  • Rappel des faits

L’affaire présentée devant le Conseil d’État concerne une salariée, représentante du personnel (déléguée du personnel, membre du CE, déléguée syndical et représentante syndicale au CHSCT), licenciée « au motif qu’elle avait, durant (…) ses heures de délégation, exercé une activité salariée auprès d’au moins une autre société ». L’employeur, qui dans un premier temps a essuyé un refus de licenciement de la part de l’inspecteur du travail, avait obtenu, après un recours hiérarchique, l’autorisation auprès du ministre chargé du Travail. La salariée a saisi le tribunal administratif qui a annulé la décision du ministre. Ce jugement a été validé par la Cour administratif d’appel au motif que les faits reprochés à la salariée avaient été commis pendant ses heures de délégation, donc en dehors de l’exécution du contrat de travail, et ne pouvaient pas faire l’objet d’un licenciement pour motif disciplinaire. 

 

  • Décision du Conseil d’État

La Haute juridiction a annulé la décision de la Cour d’appel au motif « qu’un agissement du salarié intervenu en dehors de l’exécution de son contrat de travail, et notamment durant ses heures de délégation, ne peut motiver un licenciement pour faute, sauf s’il traduit la méconnaissance par l’intéressé d’une obligation découlant de ce contrat ».  

Le Conseil d’État précise que « l’intéressée avait utilisé 105 heures de délégation pour exercer une activité salariée au sein d’une autre entreprise, que l’utilisation par un salarié protégé de ses heures de délégation pour exercer une autre activité professionnelle méconnaît l’obligation de loyauté à l’égard de son employeur qui découle de son contrat de travail, que dès lors, la cour administrative d’appel […] a commis une erreur de droit ». 

Ce n’est pas la première fois que la jurisprudence admet la faculté, pour un employeur, de sanctionner des faits commis à l’occasion du mandat. 

Si l’employeur a l’obligation de laisser aux représentants du personnel le temps nécessaire à l’exercice de leur mandat, et qu’il ne peut exercer aucun contrôle sur l’utilisation de ces heures de délégation, celles-ci doivent être exclusivement utilisées pour l’exercice des fonctions représentatives du personnel, et en aucun cas pour des raisons personnelles. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Les accords CCN en PDF sont tous dans la nouvelle bibliothèque Tripalio

Une toute nouvelle bibliothèque d'accords signés dans les conventions collectives nationales (CCN) au format PDF est maintenant accessible sur Tripalio. Plus besoin d'aller fouiller dans les bases de Légifrance ! Tous les textes officiellement mis en ligne sont désormais consultables et téléchargeables depuis notre base de données. La bibliothèque d'accords CCN de Tripalio est facilement...

Covéa affiche un résultat net et un ratio de solvabilité en baisse en 2024

Le groupe mutualiste Covéa, qui réunit MMA, Maaf, GMF et le réassureur PartnerRe, a publié ses résultats 2024. Le groupe affiche un chiffre d’affaires en hausse de 3,6 % en 2024, avec 27,7 milliards d’euros de primes acquises, contre 26,8 milliards d’euros en 2023​. Pourtant, le groupe enregistre une baisse de son résultat net ainsi que de son ratio de solvabilité. ...