RGPD : la hype du moment, c’est vendre soi-même ses données personnelles !

L’entrée en vigueur du RGPD a permis à l’utilisateur de reprendre le contrôle de ses données personnelles qui naviguent sur Internet. Parallèlement, une idée nouvelle voudrait que l’utilisateur puisse maintenant monnayer l’utilisation de ces données. Pur fantasme ou moyen d’arrondir ses fins de mois ? 

Entré en vigueur le 25 mai 2018, le Règlement Général relatif à la Protection des Données est sensé redonner le contrôle à l’utilisateur quant à la disponibilité de ses données personnelles. Ainsi, l’internaute peut récupérer les informations dont dispose sur lui les entreprises : nom, prénoms, email, numéro de téléphone, historique de recherche… Le tout dans un joli dossier numérique. 

Sachant que les entreprises doivent maintenant recueillir le consentement explicite et clair de l’utilisateur pour utiliser ses données, on voit apparaître une nouvelle mouvance qui consiste à ce que l’utilisateur vende lui-même ses données aux entreprises qui souhaiteraient l’utiliser. 

Qui et comment ?

Il faut partir du principe selon lequel ces données constituent un produit comme un autre et qu’elles ont une valeur, ce qui est sans doute le cas puisque les entreprises se les arrachent pour établir des statistiques et ajuster leur stratégie commerciale. 

Dans ce cadre, plusieurs sites internet permettent à l’utilisateur de monnayer ses données, comme le hollandais Faktor ID. Tim Geenen, le fondateur du site, expliquait que « les entreprises peinent à capter suffisamment de données vraiment pertinentes et efficaces. Cette plateforme leur permettrait de partager leurs données de manière anonymisée avec des éditeurs et des marques. » 

Mais ce n’est évidemment pas la seule à proposer ce service. On penser aux américains Yesprofile, Reputation.com ou encore Datacoup. Ces derniers proposent de louer les données de l’utilisateur à des entreprises contre de l’argent. 

Monnayer ses données : plus à perdre qu’à gagner ?

Pour autant, il ne faudrait pas espérer arrondir ses fins de mois ou faire de ces ventes une activité à plein temps. D’après plusieurs analystes, les gains maximums par utilisateurs seraient de 5€ mensuels. Pas terrible… 

Tim Geenen expliquait d’ailleurs que « l’équation économique n’est pas tenable, les marques ne pourraient pas proposer plus de 2 ou 3 euros par mois. » Pour Faktor, la rémunération des utilisateurs se feraient plutôt avec des programmes de fidélité. 

Je pense que les marques pourront leur proposer d’accéder à du contenu en exclusivité en échange du partage de données. Un studio de production pourrait, par exemple, autoriser le visionnage d’un épisode de série, une semaine avant sa sortie officielle. 

 

Même son de cloche chez Lionel Maurel, juriste, qui écrivait en 2014 que cette marchandisation volontaire « participerait à l’exploitation de l’individu et au transfert de ses droits à un tiers. » En clair, qui pourrait vérifier qu’après avoir acheté des données, une entreprise ne les revende pas à un autre tiers ?  

De même , ce peu de valeur qu’auraient ces données, malgré le fait que Jaron Lanier, informaticien, affirme qu’elles auraient chacune une valeur intrinsèque, « une valeur différente, certaines seraient plus cotées parce qu’elles sortent de l’ordinaire”, s’explique par le fait qu’elles soient vendues à l’unité. Il est d’usage d’acheter ces données par lot, par milliers d’individus. 

Et sans tomber dans l’aspect philosophique et éthique de la question (baccalauréat 2018 oblige), il se pourrait bien que donner une valeur à ces données personnelles, revenant à en faire de simples marchandises, participerait à réduire les individus à ces marchandises.  

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