Les médecins bientôt interdits de mentionner « l’homéopathie » sur leur plaque ?

Jusque-là silencieux sur le sujet, le Conseil National de l’Ordre des Médecins a réaffirmé sa désapprobation des médecines alternatives. L’instance médicale appelle à ne pas faire la confusion avec les pratiques traditionnelles scientifiquement éprouvées.  

 

Dans la guéguerre qui oppose les « médecins du quotidien » à ceux qui soutiennent les médecines complémentaires et alternatives, le Conseil National de l’Ordre des Médecins était resté très silencieux. Se contentant de renvoyer la balle à l’Académie de Médecine et au ministère de la Santé. 

Seulement, dans son communiqué du 19 juin, le CNOM prend enfin la parole et affirme sa position. Une position qui ne devrait d’ailleurs pas ravir les défenseurs de l’homéopathie, de l’acuponcture ou encore de la musicothérapie.  

Ambiguïté, confusion et pas déontologiques

Dans sa « Mise au pont sur le cadre déontologique qui s’impose à tous », le CNOM s’attaque au vocabulaire qui entoure les médecines alternatives et complémentaires, en particulier l’homéopathie.  

L’utilisation médiatique des termes de « médecines alternatives et complémentaires », concernant notamment l’homéopathie, entretient une ambigüité qui est source de confusion et de litiges d’interprétation. 

 

Et si le Conseil estime que défenseurs et détracteurs de ces pratiques peuvent bénéficier de la même liberté d’expression sur le sujet, il se positionne clairement contre ces pratiques. 

Le traitement préconisé par un médecin ne peut, en aucun cas, être alternatif aux données acquises de la science et à l’état de l’art, mais il peut comporter une prescription adjuvante ou complémentaire, médicamenteuse ou autre, que le médecin apprécie en conscience dans chaque situation, après avoir délivré au patient une information loyale, claire et appropriée. 

 

Pour justifier cette position radicale, le Conseil explique que les médecines alternatives n’ont jamais été éprouvée par « une démarche médicale initiale de diagnostic clinique ». Et que, dans ce cas, la prescription d’une pratique alternative irait à l’encontre de la déontologie médicale qui « interdit de présenter comme salutaires et sans danger des prises en charge ou des thérapeutiques non éprouvés »

Quel destin pour les médecins homéopathes ?

Nous vous rapportions que plusieurs plaintes avaient été déposées à l’encontre de plusieurs praticiens après la publication d’une tribune anti médecine homéopathique. Si la procédure devrait durer encore quelques temps, il se pourrait bien que la position de l’Ordre entraîne des conséquences très rapides. 

Par exemple, il se pourrait que plusieurs médecines doivent faire modifier leur plaque. Depuis 1974, la mention « homéopathie » et « médecin homéopathe » est notifiable sur ces plaques. Cependant, pour le Dr Jacques Lucas, vice-président de l’Ordre, certaines mentions « ne correspondent plus à la réalité de l’exercice ou n’auraient pas fait preuve de leur efficacité ».  

L’Ordre a, par ailleurs, demandé une évaluation de l’utilité thérapeutique de l’homéopathie par la Haute Autorité de santé. « S’il n’y a pas de service médical rendu, il appartiendra au ministère de prendre les décisions qui s’imposent » expliquait le Dr Lucas.  

De son côté, le président du CNOM, le Dr Patrick Bouet, espère que « les universités en tireront les conclusions », faisant allusion aux formations en homéopathie, qui ne sont pas reconnues.  

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