A la Macif, les relations sociales internes sont décidément troublées ces derniers temps. Après des mouvements importants observés à tous les niveaux de l’encadrement et après une fronde ouverte de nombreux salariés sur le réseau intranet du groupe, une nouvelle affaire fait beaucoup parler d’elle.
La CGT aurait mis à jour une méthode quelque peu musclée de gestion des ressources humaines, fondée sur le recours au licenciement abusif.
Un centre d’appels Macif sous pression
C’est le centre d’appels de Ris-Orangis, aujourd’hui nommé “Seine Essonne”, de la Macif qui est au centre de cette affaire. Si l’on en croit le syndicat CGT de la mutuelle ainsi que de nombreux salariés dont il se fait le porte-parole, tous cités par le Parisien, les conditions de travail s’y seraient nettement dégradées depuis quelques années.
Cette évolution aurait notamment pris des formes diverses : objectifs chiffrés de plus en plus importants, chronométrage permanent, pressions managériales croissantes et elle aurait pour conséquences immédiates une hausse des arrêts de travail, un turn-over important, une démotivation générale des salariés et même, pour certains, des phénomènes plus graves d’angoisse ou de dépression. “On ne pense plus qu’à combien peut rapporter un salarié” déplore un représentant syndical présent sur le site.
Faire taire les récalcitrants
Dans ces conditions sociales quelque peu discutables, on ne s’étonnera guère d’apprendre que quelques voix ont fini par s’élever afin de protester contre le sort réservé au personnel. Or, il s’est trouvé qu’à divers motifs, les salariés ouvertement en désaccord avec leurs conditions de travail se trouvaient vite mis sur la touche de la plus radicale des manières : le licenciement.
Ainsi, le Parisien revient en détail sur le cas d’un certain Florian, embauché en avril 2017 et qui aurait rapidement fait savoir qu’il n’appréciait pas l’ambiance de travail régnant au sein du centre d’appel. Aussitôt mis en cause dans le cadre d’une enquête interne pour harcèlement moral, il a ensuite dû constater une nette dégradation de ses relations avec la hiérarchie. Il a fini par être licencié à la suite d’un échange verbal difficile avec un responsable RH. Pour la CGT, “c’est un licenciement pour l’exemple. Florian était un relais d’expression. La direction ne voulait plus de forte tête. On s’en doutait mais on n’avait pas de preuve”.
Le licenciement mutualiste
La preuve, la CGT vient justement de l’obtenir. Elle consiste en l’occurrence en une retranscription d’entretiens entre des responsables de la Macif où l’un d’entre eux fait état de la méthode qu’il a appliquée afin de “redresser la situation” du centre d’appels de Ris-Orangis, où “les choses étaient extrêmement tendues” – dans le sens où les voix s’élevaient de plus en plus nombreuses afin de dénoncer les conditions de travail. Quelle est donc cette méthode miracle dont il est ici question ? “Il a fallu passer par des actions fortes, licenciements, changement de managers” évoque le cadre de la mutuelle, qui reconnait donc avoir recouru au licenciement comme à une méthode de gestion des ressources humaines. “C’est hallucinant qu’ils écrivent noir sur blanc que pour calmer la plateforme, ils ont licencié” s’insurge la CGT.
Interrogée par Capital, la Macif nie d’une part avoir procédé à des licenciements abusifs à Ris-Orangis. Ce “licenciement, qui n’a d’ailleurs jamais été contesté en justice, ne peut être qualifié d’abusif” assure-t-elle en effet. Cette dénégation ne semble toutefois pas signifier que la mutuelle n’admet pas une gestion pour le moins singulière de ses relations sociales. Tout en euphémisme, elle reconnaît que, dans un “marché en forte mutation” et “comme toute entreprise responsable et par souci de la pérennité de la mutuelle”, elle pratique régulièrement “des analyses de sa performance”. En respectant le bon esprit mutualiste, bien entendu !