Que reproche l’ACPR au courtier qu’elle vient de sanctionner ?

L’autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) vient de publier une décision de la commission des sanctions à l’égard d’une société de courtage d’assurances. Cette décision est prise à l’encontre de la société SGP, qui faisait de la vente de contrats par téléphone, sur le fondement de trois griefs, dont le défaut de conseil, mais pas seulement : elle aboutit à 150 000 euros d’amende et un blâme. 

 

 

Un décryptage de la décision s’impose afin de comprendre pour quelles raisons précises le coutier a été sanctionné par l’autorité française. 

Des contrats conclus par le courtier en 4 minutes et 44 secondes

La décision de la commission des sanctions de l’ACPR relève, dans son troisième grief, que le courtier SGP n’a pas poussé assez loin l’application de son devoir de conseil. Il ressort des enregistrements analysés que les besoins du client n’ont pas été suffisamment enregistrés, en effet, aucune question sur leurs besoins ne leur a été posée dans 8 des 24 enregistrements analysés. 

Dans les autres cas, les téléconseillers auraient seulement demandé des informations insuffisantes, et n’auraient pas cherché à savoir si les clients avaient déjà un contrat prévoyance souscrit par ailleurs. Surtout, la situation financière des clients n’aurait jamais été prise en compte alors que celle-ci était parfois “préoccupante” selon le texte de la décision. 

La décision de l’ACPR indique que les contrats étaient conclus en moyenne en 4 minutes et 44 secondes : ce temps ne permet pas au courtier de recueillir toutes les informations nécessaires, d’échanger avec le client, et de remplir son devoir de conseil. 

La commission des sanctions relève aussi que le défaut de personnalisation des fiches conseil démontre une conclusion générique des contrats qui ne permet pas d’adapter lesdits contrats à la situation propre à chaque client. 

Enfin, la décision souligne que de fausses informations figuraient dans la fiche conseil, comme les montants de prise en charge en cas d’obsèques. 

Tous ces éléments caractérisent le défaut de conseil de la société de courtage et méritent que tous les professionnels du secteur s’y intéressent. Combien d’entre eux utilisent des formules génériques pour générer leurs fiches conseil et combien d’entre eux utilisent des plateformes téléphoniques pour recueillir les besoins du client ? Il serait intéressant de savoir si ces pratiques sont répandues, auquel cas, l’ACPR aurait du travail devant elle. 

L’ACPR sanctionne l’absence de document écrit précontractuel

Le premier grief de la décision de l’ACPR à l’encontre du courtier SGP concerne l’absence de remise d’une information précontractuelle écrite. En effet, les contrats conclus par la société de courtage étaient signés uniquement au terme d’une conversation téléphonique à l’initiative du courtier. 

Le courtier n’envoyait les informations écrites au client qu’une fois le contrat conclu. Cette pratique est contraire au code des assurances qui exige qu’une information écrite précontractuelle soit communiquée avant toute signature d’un contrat. 

Il est important de souligner que le fait que la conversation téléphonique soit menée à l’initiative du courtier l’empêche de bénéficier de la dispense d’envoi de documents écrits précontractuels prévue par le code de la consommation et le code des assurances. 

Tous les courtiers qui font de la prospection téléphonique doivent donc faire part des documents précontractuels écrits aux clients avant de leur faire souscrire le contrat. 

 

L’ACPR sanctionne l’insuffisance des informations données par le courtier au client

Le deuxième grief soulevé par l’ACPR englobe l’insuffisance et l’inexactitude des informations données par le courtier lors de la commercialisation à distance des contrats, ainsi que lors de la fourniture des informations écrites. D’après les enregistrements téléphoniques analysés par la commission des sanctions, les informations délivrées aux clients varient énormément d’un appel à l’autre : le client n’est pas toujours informé du caractère commercial du démarchage, le lien entre le courtier SGP et l’assureur n’est jamais évoqué, les informations clefs sur le déclenchement de la couverture ne sont pas données etc… 

Concernant la fourniture des informations par écrit, l’ACPR constate que le courtier SGP n’a pas donné au client les informations relatives à sa propre identité alors qu’il s’agit d’une obligation prévue par le code des assurances. 

 

Quand on examine la liste des griefs reprochés à la société de courtage SGP, la sanction prononcée semble inévitable tant les manquements sont nombreux et flagrants. Cette décision de l’ACPR démontre que l’activité de courtage d’assurances reste surveillée et les courtiers seraient bien avisés de vérifier que leurs processus sont bien conformes avec toutes les obligations rappelées ci-dessus. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...