Une grève pour sauver l’ONF ?

Cet article a été publié sur le site du syndicat de salariés FO.

Les personnels de l’Office national des forêts (ONF) sont appelés à faire grève et à manifester le 17 mai 2018 par une intersyndicale regroupant huit organisations. Parmi leurs nombreuses revendications, les délégués FO alertent sur l’avenir de l’Office, de ses missions et des employés et dénoncent l’absence de dialogue social. 

 

La gestion durable des forêts publiques est remise en cause par la direction de l’ONF, les forêts sont de plus en plus considérées comme de vulgaires usines à bois à mettre au service de l’industrie, s’alarme une intersyndicale de l’Office national des forêts dans un communiqué. Pour dénoncer la casse environnementale et sociale, les huit organisations syndicales dont FO appellent les personnels de l’ONF à se mettre en grève le 17 mai 2018 et à rejoindre l’un des cinq points de rassemblements à Nancy, Mâcon, Avignon, Toulouse et Le Mans. 

L’ONF est un établissement public à caractère industriel et commercial à caractère dérogatoire, chargé de la gestion durable des forêts publiques. Il compte parmi ses missions la protection de la faune et de la flore et l’accueil du public. Il emploie 6 000 fonctionnaires et 4 000 salariés de droit privé. 

On s’inquiète pour l’avenir des forêts publiques, de l’ONF et de ses personnels, c’est un peu comme à la SNCF, explique Alain Thuot, délégué central FO, qui représente les salariés de droit privé. Selon le communiqué de l’intersyndicale, la direction prétexte d’un déficit creusé par des décisions gouvernementales pour notamment remettre en cause le statut de l’ONF et préparer la privatisation de la gestion des forêts publiques. Le déficit structurel atteint environ 40 millions d’euros par an selon FO. 

FO demande l’ouverture d’une véritable négociation sur l’avenir de l’ONF

Le syndicat national des personnels techniques forestiers SNTF-FO, qui représente les fonctionnaires sur les postes techniques, craint pour l’avenir des postes de la fonction publique. Les agents de terrain ont des missions régaliennes comme la police de chasse ou la surveillance des coupes de bois, explique Dominique Paquet, secrétaire général du SNTF-FO. Pourtant quand des postes sont vacants, la direction générale nomme des gens de droit privé sur des postes de droit public. Ils ne pourront pas exercer l’ensemble des missions. Et cela se fait sans débat parlementaire. 

Il s’inquiète aussi d’un audit en cours sur la situation générale de l’ONF. Les résultats seront connus en juin 2018. La lettre de mission pour cet audit propose de réfléchir à des mesures d’accompagnement de la mobilité des fonctionnaires vers d’autres organisations ou administrations, cela confirme nos craintes d’une privatisation de la gestion des forêts, s’inquiète Dominique Paquet. Nous risquons un changement de statut comme à La Poste ou France Télécoms. Nous demandons aux ministères de tutelle, l’Agriculture et l’Environnement, l’ouverture d’une véritable négociation sur l’avenir de l’ONF et de son statut. 

 

Une nouvelle convention collective au rabais pour les salariés sous contratprivé

Le syndicat SNTF-FO dénonce par ailleurs l’absence de dialogue social depuis l’arrivée d’une nouvelle direction générale il y a deux ans. Des débats n’ont jamais eu lieu dans le cadre des instances paritaires, des textes n’ont jamais été présentés aux syndicats pour recueillir leur avis, poursuit Dominique Paquet. Face à ce mépris des organisations syndicales et de leurs représentants, la quasi-totalité des élus représentant les fonctionnaires ont démissionné en septembre 2017 de leurs mandats dans les instances paritaires. 

Du côté des salariés sous contrat privé aussi, le dialogue social est très difficile. La négociation d’une nouvelle convention collective nationale est en cours d’achèvement. Jusqu’alors, il existait 14 conventions collectives pour les ouvriers forestiers et un accord pour les techniciens et agents de maîtrise (TAM). 

Alain Thuot, délégué central FO, dénonce une future convention au rabais avec un nivellement par le bas. Aucune des propositions des organisations syndicales n’a été retenue pour sa rédaction, on nous prend pour une chambre d’enregistrement, ajoute-t-il. Il déplore de très nombreux reculs sociaux, notamment en matière de rémunération. Des avantages liés à la pénibilité vont être réduits. Sur les 3 000 ouvriers forestiers, 2 000 vont y perdre ou ne rien gagner, estime-t-il. Un forfait jour est introduit pour les cadres mais sans analyse préalable de leur charge de travail, ce qui fait courir un risque en matière de santé et de sécurité, poursuit-il. Pour les TAM, un forfait heures est mis en place. 

De nouvelles baisses d’effectifs

Suite à une réorganisation et une série de réformes, l’ONF a perdu près d’un tiers de ses effectifs depuis la fin des années 1990. Le mal-être des personnels et la souffrance au travail sont criants. Un contrat d’objectifs et de performances (COP) a été mis en place pour la période 2016-2020. Il n’est plus appliqué depuis 2017, ses objectifs financiers étant intenables. 

Le maintien des effectifs sur toute la période, qui était également prévu par le COP, n’est plus respecté. En 2017, 47 postes ont été supprimés selon Dominique Paquet et aucun recrutement de fonctionnaires n’est prévu en 2018. Un plan stratégique pour 2018-2020 prévoit encore une baisse d’effectifs et de certains travaux, s’inquiète le secrétaire général du SNTF-FO. 

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