Difficile de faire une omelette sans casser des oeufs. Alors que le gouvernement n’est plus déterminé à « garder le cap » face au mouvement social auquel il est confronté, plusieurs dirigeants d’entreprises, particulièrement des petites structures, assurent en payer les pots cassés.
Nouveau week-end pour le mouvement des Gilets Jaunes. Après quatre samedis de manifestation de suite, il est déjà temps de faire les comptes. Pour Bruno Le Maire, la croissance au quatrième trimestre devrait reculer de 0,1 point. « De la prospérité en moins pour les français » expliquait-il sur RTL.
Seulement, ce mouvement social a eu des conséquences beaucoup plus palpables pour les entreprises et commerces. A quelques jours de Noël, entre fermetures préventive, opérations villes mortes, pertes de clientèles et dégradation, bon nombre risquent de ne pas passer l’hiver. Et là encore, ce sont les petites structures qui sont les plus pénalisées.
Des défaillances en pagaille à prévoir dans les TPE/PME ?
Dans un récent entretien au JDD, François Asselin, président de la CPME pour Confédération des Petites et Moyennes Entreprises confiait être inquiet quant au sort des plus petites structures. Il estime que ce récent ralentissement de l’économie dans une période critique serait enclin à favoriser « de nombreuses défaillances ».
Nous sommes très inquiets. L’activité de beaucoup de nos adhérents est perturbée. (…) La fin de l’année va être très compliquée pour nombre (d’entreprises), notamment les TPE (très petites entreprises, ndlr). Car plus une entreprise est petite, plus elle est fragile. Les commerçants sont en première ligne. On doit s’attendre à de nombreuses défaillances.
François Asselin, président de la CPME, dans le JDD
Il explique que pour les commerçants et chefs d’entreprise, « rater la fin de l’année, c’est rater son bilan. Il y aura donc des lendemains douloureux ». François Asselin en appelle au gouvernement, qui doit tout mettre en oeuvre pour soutenir l’économie et les entreprises malgré un contexte social pour le moins compliqué.
En cette période proche de Noël, le pays a besoin de douceur. [Il faut] réactiver la cellule de continuité économique qui avait été mise en place après les inondations dans le sud de la France et un report des échéances fiscales et sociales pour accompagner ceux qui sont en difficulté.
François Asselin, président de la CPME, dans le JDD
En extrapolant à partir de la situation qu’a connue la Réunion, où « les perturbations sociales auraient généré près de 600 millions d’euros de manque, au niveau de la France, ce chiffre monterait à 60 milliards. Ça ne sera pas le cas, mais à 10 milliards d’euros de pertes, certainement ».
Pour autant, le patron de la CPME se dit prêt « à étudier des solutions pour améliorer le pouvoir d’achat », comme le versement d’une prime de 1 000€ défiscalisée et désocialisée. Une mesure voulue par le gouvernement mais que les TPE et PME pourraient bien avoir du mal à mettre en place.
Licenciements, chômage partiel
Ce dimanche sur LCI, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a demandé à ce que « chacun prenne ses responsabilités ».
Quand on se dit qu’on se retrousse les manches, les bonnes volontés doivent être partagées par tout le monde. Si les entreprises peuvent en prendre un morceau, ce serait souhaitable.
Benjamin Griveau, porte-parole du gouvernement
« Il y a des PME qui vont dire qu’elles ne peuvent pas et il y a des grands groupes qui ont des marges » expliquait-il ensuite. On saluera la formule qui ferait presque que penser que les patrons de PME s’apitoient sur leur sort.
Pour autant, pas sûr qu’ils puissent contribuer à l’effort de guerre. Ou en tous les cas, dans une moindre mesure. D’après une information de nos confrères du Point, 863 entreprises « ont sollicité le gouvernement pour mettre tout ou partie de leurs employés au chômage partiel en raison des blocages et manifestations de Gilets jaunes. 19 000 salariés au total seraient concernés. »
De son côté, François Asselin que ce mouvement social entraînera « des licenciements » du fait des pertes dans les exercices. Des pertes qui seront moins bien absorbées par les petits commerces et les petites entreprises que par les grands groupes.
D’après une étude de la CPME réalisée entre le 4 et le 7 décembre sur 1 710 dirigeants d’entreprise, 62% des PME et TPE sont touchées par le mouvement et 34% ont connu une perte de chiffre d’affaires.