Jean-Charles Simon et son binôme Vincent Charpin ont annoncé ce matin qu’ils renonçaient à se présenter à la présidence du MEDEF. Après quelques propos amers sur le manque d’équité du processus électoral, ils se rallient à la candidature de Geoffroy Roux de Bézieux. Le projet libéral de ce dernier devrait rapidement entrer en collision avec le projet plus social chrétien d’Alexandre Saubot. D’autres désistements sont annoncés…
Après le regroupement des candidatures de Fabrice Le Saché, de Patrick Martin et de Claude Brajeux, courant avril, la peu passionnante campagne pour la présidence du MEDEF connaît un nouveau tournant: le retrait de deux candidats étiquetés libéraux, qui ont porté des propositions particulièrement détonantes sur la réforme du paritarisme. Les propos assez amers développés dans le communiqué de presse sur le manque d’équité de la campagne soulignent le malaise récurrent lié au manque de transparence qui caractérise l’élection à la présidence. On rappellera en effet que l’élection est majoritairement décidée par les grandes fédérations, après un avis du conseil exécutif… récemment recomposé par Pierre Gattaz.
Au passage, les observateurs considéraient que les propositions de Jean-Charles Simon et son manque régulier d’aménité dans les débats laissaient plus de place à un choix alternatif en sa faveur…
Qui sont les candidats qui restent en lice?
Pour ceux qui auraient manqué quelques épisodes dans le soap opera du MEDEF, la liste des candidats encore “actifs” est donc passée de neuf noms, à beaucoup moins.
Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot continuent à être les deux favoris, et à perpétuer la tradition du conflit entre les services, réputés plus libéraux, et l’industrie à la fibre plus sociale-chrétienne. À leurs côtés, demeure le trinôme conduit par Patrick Martin, l’Auvergnat qui a fédéré le petit poucet Fabrice Le Saché et le parisien Claude Brajeux. Ancien proche de Roux de Bézieux, Patrick Martin a décidé de mener la course pour son propre compte, mais un ralliement futur n’est pas exclu. En outre, Frédéric Motte, le nordiste vice-président sortant, et Olivier Klotz, l’Alsacien, continuent la course.
Une incertitude pèse sur le maintien de la candidat de Dominique Carlac’h, qui paraît plus une candidature “contrainte” pour des raisons de parité, qu’une candidature totalement spontanée.
Dans l’hypothèse où celle-ci retirerait sa candidature, il ne resterait donc, comme en 2013, que 5 candidats.
Gattaz fait-il le jeu de Roux de Bézieux?
Reste une inconnue… On se souvient qu’en 2013, le Conseil exécutif avait majoritairement voté en faveur de Roux de Bézieux (à une voix près) lors d’un vote à bulletin secret, alors même que Pierre Gattaz était soutenu par les grands électeurs (UIMM, FBF, FFA). Très appuyé par Serge Dassault, Pierre Gattaz avait bénéficié du retrait de candidature surprise de Roux de Bézieux.
Y eut-il à l’époque une promesse (plus ou moins gasconne…) de Gattaz à l’endroit de Roux de Bézieux de lui assurer son élection au mandat suivant? La suite d’événements qui jalonnent cette élection, depuis le manque d’empressement de Pierre Gattaz à modifier les statuts pour permettre l’élection de Jean-Dominique Sénard jusqu’aux nouvelles nominations au Conseil Exécutif n’interdit pas de le penser. Parallèlement, Roux de Bézieux mène une campagne active sur le terrain, qui légitime sa probable élection.
Face à lui, il n’est pas sûr qu’Alexandre Saubot ait clairement mesuré avant de décider de proposer sa candidature l’ampleur des difficultés auxquelles il serait exposé.