Chez Amazon, les syndicats sont sur le pied de guerre

Deux syndicats de salariés ont communiqué sur les tensions qui règnent au sein de l’entreprise Amazon.

Voici le communiqué de la CGT :

Ce jeudi 2 février 2018 les délégués CGT d’Amazon et leur avocat ont annoncé avoir déposé 25 dossiers auprès de la justice pour violation des conventions collectives. 

Pas de « have fun » chez les salariés d’Amazon. Dans son avis, la Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation, qui gère la négociation de branche, a conclu à l’illégalité du système de classification et a mis Amazon en demeure de se mettre en conformité avec la convention collective. Par ailleurs, 25 dossiers ont été déposés auprès de la justice. 

Un système de classement qui viole délibérément les conventions collectives. 

Les délégués CGT dénoncent le système de classification mis en place unilatéralement par Amazon. Ce dernier permet au salarié de n’être classé qu’en 2 niveaux, limitant ainsi leurs perspectives d’évolution. La suppression du niveau T2 pour les caristes, qui sont désormais payés comme les T1, méconnaît leurs qualifications et leurs compétences. Elle entraîne par ailleurs des inégalités entre les caristes arrivés après la suppression du niveau T2 et les nouveaux, payés en T1, tout en tirant parallèlement leurs salaires vers le bas. Ce sont ainsi 25 caristes qui ont assignés Amazon en justice pour réparer leurs préjudices subis, estimés à 20 000 euros par salarié sur les trois dernières années. 

Intimidations et atteintes aux droits des salariés 

Cette affaire permet de mettre en lumière les méthodes douteuses d’Amazon. En l’espèce, un salarié qui a porté l’affaire en justice a vu son manager le débadger alors qu’il travaillait sur son chariot. Par ailleurs, les salariés comme les délégués syndicaux n’ont qu’un accès restreint au service de ressources humaines, ce qui est illégal. 

La procédure étant individuelle, on peut s’attendre à ce que d’autre dossiers de salariés soient déposés auprès des prud’hommes pour contester ce système de classification. Tous les salariés sont concernés. 

 

Voici celui de la CFDT :

La CFDT d’Amazon a démontré que sa direction contrevenait aux obligations légales sur la grille salariale. Des négociations doivent s’ouvrir d’ici peu.  

En novembre 2017, la CFDT a saisi la commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI) de la branche du commerce de détail non alimentaire (CDNA) pour mettre fin aux pratiques illicites de la direction d’Amazon en termes de classification et de rémunération. Elle estimait que la grille salariale de l’entreprise était contraire aux dispositions légales et conventionnelles et notamment qu’elle prive les salariés du groupe de perspectives d’évolution après deux ans d’ancienneté. 

Les organisations syndicales et patronales de la branche, membres de la CPPNI, ont voté le 1er février à l’unanimité un avis d’interprétation qui donne raison à la CFDT, seule organisation syndicale à s’être emparée concrètement du dossier de rémunération et de classification des salariés chez le leader du e-commerce. Cet avis a valeur d’avenant et devient donc un texte de droit conventionnel. « Cette situation illustre bien l’immaturité du dialogue social chez Amazon, explique Olivier Guivarch, le secrétaire général de la Fédération CFDT des services, la CFDT Amazon a toujours prévenu la direction de ses actions. Elle l’avait mise en garde sur la grille salariale mais devant l’absence de prise en compte de nos interventions, elle a dû saisir la CPPNI. C’est la même chose avec les négociations sur le travail de nuit qui viennent d’échouer. La direction n’a laissé que très peu de marges de manoeuvre à la négociation et s’est montrée déloyale en essayant de passer en direct avec les salariés. » 

Revalorisation salariale pour des centaines d’employés 

Selon Julien Vincent, le délégué syndical central CFDT d’Amazon, l’entreprise va devoir créer « des niveaux de classification qui pour l’heure n’existent pas » et « se mettre à niveau pour les salaries. » Forte de cette décision, la CFDT n’hésitera pas à saisir les juridictions compétentes pour obtenir une revalorisation salariale et de statut pour les centaines de salariés lésés. 

Les négociations salariales « s’ouvrent début février. On espère qu’Amazon aura compris le message », a déclaré Julien Vincent. 

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