L’Assemblée Nationale devrait adopter aujourd’hui la loi sur le renseignement.
Cette loi, présentée sous le coup de la légitime émotion suscitée par les attentats de janvier, pose de vrais problèmes pour la liberté du commerce. Elle permettra en effet aux services de l’Etat de démultiplier les moyens de surveillance des entreprises. Sans aucune autorisation du juge et sans contrôle possible, l’Etat pourra, sous prétexte de “filer” des terroristes capter les mails, les fichiers, les données d’une entreprise.
Airbus a d’ores et déjà fait les frais de ces pratiques, cette fois sous couleurs allemandes. Le BND, les services secrets germaniques, ont en effet espionné Airbus pour le compte de la NSA et abreuvé Boeing, ce faisant, de tous les secrets industriels disponibles chez son concurrent européen.
Pour parvenir à ses fins, l’Etat demande à l’ensemble des hébergeurs et des fournisseurs d’accès de se transformer en espions. Les acteurs de l’économie numérique se sont d’ores et déjà regroupés sous le collectif Ni pigeons ni espions pour lancer une pétition contre cette loi qui fait la part belle aux grandes entreprises proches de l’Etat et constitue une menace pour la liberté du commerce.
Le MEDEF est pour sa part resté extrêmement neutre, alors que Laurence Parisot s’est engagée contre la loi. Peut-être les entreprises bénéficiaires des nouveaux marchés publics destinés à mettre la loi en oeuvre pèsent-elles suffisamment au sein de l’organisation patronale pour bloquer toute prise de position sur le sujet! On aurait aimé entendre Pierre Gattaz, dont l’entreprise Radiall compte comme client le ministère de la Défense, s’exprimer sur cette question…