L’annonce imminente de l’allongement du congé paternité au 1er juillet 2021 divise les partenaires sociaux.
Pour la CPME, ce n’est pas vraiment la priorité du moment :
Le président de la République devrait annoncer aujourd’hui l’allongement du congé paternité qui passera de 11 à 28 jours en incluant les jours de naissance.Si l’on peut comprendre la finalité de cette mesure tendant à favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes, on peut regretter que cette annonce intervienne dans une période particulièrement tendue sur le plan économique pour un grand nombre de TPE-PME. L’action gouvernementale devrait être tournée en priorité vers le soutien aux entreprises pour créer les conditions d’une reprise dont les entreprises craignent le ralentissement en raison du contexte sanitaire.
Par ailleurs, le caractère obligatoire donné à tout ou partie de ce congé paternité, sous peine d’amende, serait peu compatible avec une politique familiale qui ne peut, et ne doit pas, être basée sur une démarche coercitive mais reposer, avant tout, sur l’adhésion du plus grand nombre dans un objectif d’évolution des mentalités.
De plus, il est à souligner que cet allongement du congé paternité posera davantage de problèmes d’organisation du travail aux très petites entreprises contraintes de gérer des effectifs déjà réduits.
Enfin, si l’on peut se réjouir que le coût de cette mesure ne soit pas directement à la charge des entreprises, on peut craindre que cela ne se traduise rapidement par une augmentation des cotisations patronales familiales.
Côté CFDT, l’allongement du congé paternité fait avancer l’égalité Femmes-Hommes :
Revendication historique de la CFDT, l’allongement du congé de paternité porté à 28 jours pour toutes les formes de parentalité est uneavancée sociale majeure.
Si la CFDT préconise à terme un congé de deux mois, tout comme le rapport des « 1000 premiers jours de l’enfant », elle salue l’étape franchie aujourd’hui. L’enjeu de l’égalité entre les femmes et les hommes passe par une meilleure répartition des tâches, une meilleure coparentalité, et une reconnaissance dans la société comme dans les entreprises de la responsabilité et l’engagement des pères.
Selon le rapport Igas sur le congé paternité, en 2016 le taux de recours global était de 67% mais de 80% pour les pères en CDI, 88% pour les fonctionnaires, 48% pour les CDD. Comme le montrent ces chiffres, trop de freins demeurent, notamment pour les pères dans les emplois précaires.
Rendre automatique pour tous la moitié de ce congé à la naissance de l’enfant est une mesure de justice, et doit permettre à chaque couple de construire ensemble un équilibre dans l’accueil de l’enfant et l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle. Tous, parents comme entreprises, nous avons à y gagner.