L’économie française devrait vivre quelques intéressants soubresauts dont le déroulement pourrait influencer fortement l’activité au mois de mai… et dans les mois à venir.
Brexit, Grexit: le tourbillon européen toujours incertain
Alors que les élections en Grande-Bretagne qui ont lieu demain donneront un premier indice sur les risques de sortie de la Grande-Bretagne hors de l’Union Européenne à l’issue d’un futur referendum, les négociations sur la dette grecque patinent. En principe, le 11 mai, les marchés sauront si la Grèce est en situation officielle de défaut ou pas (encore que les agences de notation aient annoncé qu’elles ne considèreraient pas la Grèce en défaut si celle-ci est incapable d’honorer une échéance…). Dans la pratique, elle l’est déjà, puisque l’Etat a réquisitionné l’ensemble des liquidités des collectivités pour payer ses traites, et que les banques grecques ne survivent que grâce au financement d’urgence de la BCE.
Malgré ces urgences, Européens et Grecs tardent à trouver un accord pour éviter la catastrophe, qui semble d’ailleurs plus ou moins souhaitée par l’Allemagne. Il se murmure qu’un plan de mise sous tutelle de la Grèce serait prêt…
La guerre des taux commence à user les nerfs des marchés
L’intervention massive de la BCE et la baisse des taux directeurs est de plus en plus douloureuse pour l’épargne. Le Crédit Agricole s’en est d’ailleurs plaint hier, en considérant que le mixte taux d’emprunt bas et rémunération élevée du livret A le pénalisaient. C’est tout le paradoxe du discours politique français: officiellement, il faut encourager l’investissement à long terme dans l’économie, mais la pratique concrète privilégie l’épargne en liquidité.
Combien de temps les marchés endosseront-ils le choc des taux bas? Une réunion de la BCE ce mercredi doit donner quelques indications sur le sujet.
La Commission Européenne prévoit 1,1% de croissance en France en 2015
Dans ce malström qui pourrait inquiéter, la Commission Européenne a miraculeusement relevé ses prévisions de croissance pour la France avec 1,1% pour 2015 et 1,7% en 2016. Ces chiffres médiocres en temps normal apparaissent comme une vraie part de ciel bleu par les temps qui courent. On peut évidemment s’interroger sur cette annonce qui tombe à pic pour un gouvernement français toujours en butte à une forte impopularité. La Commission (et l’Allemagne) cherchent-ils à s’attacher le soutien de la France dans un passage compliqué, où l’Allemagne, qui a espionné la France pour le compte de la NSA, doit faire valider des mesures hostiles à la Grèce?
Les signaux envoyés par la Commission risquent en tout cas de ne pas massivement encourager la France sur la voie déjà chancelante des réformes…