Cet article est paru sur le site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Avenir du nucléaire…
…le gouvernement ne doit ni rater le coche de la stratégie de puissance industrielle ni oublier le combat pour l’emploi
L’heure de vérité approche pour la filière nucléaire française. Pour la CFE-CGC, l’industrie nucléaire a de l’avenir, c’est un atout pour la France et le combat climatique. A condition que l’Etat ait une vraie vision industrielle et joue vraiment son rôle en faisant de la défense de l’emploi industriel en France sa priorité !
Alors que la COP 21 s’achève sur un accord politique historique, la CFE-CGC rejoint Ségolène Royal qui explique que le nucléaire est « un atout évident » pour l’« économie décarbonée ». Elle partage l’analyse des climatologues et économistes qui appellent à « une expansion du nucléaire », car il est un « passage obligé pour ne pas aller vers la catastrophe climatique ».
Forte d’une filière contribuant à l’indépendance et à la compétitivité énergétiques, la France dispose d’un outil lui permettant d’être à la pointe du combat climatique mondial. L’Etat doit donc la défendre en en assurant la pérennité via celle des emplois et compétences.
La compétition mondiale que nous connaissons aujourd’hui voit les grandes puissances déployer des politiques industrielles et énergétiques de puissance et empreintes de patriotisme économique. Dans ce contexte, la CFE-CGC est convaincue que l’industrie nucléaire reste un vecteur clef de la stratégie de puissance industrielle dont la France a besoin. Il en va de notre souveraineté mais aussi des emplois situés en France.
La CFE-CGC demande au gouvernement de ne pas oublier ces enjeux alors que l’heure de vérité approche pour la filière nucléaire nationale. La recapitalisation nécessaire à l’avenir d’AREVA se fait toujours attendre, Bercy donnant l’impression de chercher à minorer sa quote-part malgré sa responsabilité dans les défaillances de gouvernance et de stratégie industrielle qui ont conduit à la situation que connaît la filière nucléaire française.
La CFE-CGC s’inquiète aussi du droit d’alerte unanime des élus du CCE d’EDF sur la situation financière de leur entreprise qui fragilise le financement des investissements sur le parc nucléaire français, essentiels aux emplois du tissu industriel nucléaire français, et qui conduit déjà à des suppressions d’emplois en France. Il est temps que l’Etat se ressaisisse en mettant fin à une politique tarifaire irresponsable et un appétit mortifère d’actionnaire qui ont fragilisé la filière et qui mettent en péril sa dynamique d’emplois.
Bien que consciente des enjeux de globalisation de l’industrie nucléaire et d’une compétition où Pékin et Moscou poussent leurs pions, la CFE-CGC reste inquiète du projet nucléaire d’EDF en Grande-Bretagne comme des partenariats envisagés pour la filière nucléaire française. Dégradation de la situation financière qui réduira d’autant la capacité à investir en France et à soutenir le tissu industriel national, faiblesse des emplois induits en France par le projet britannique, impacts de l’Hualong chinois sur le catalogue de réacteurs de la filière française et son ingénierie, protection du patrimoine industriel et technologique français, maintien des compétences… les motifs d’inquiétude, et en particulier sur l’emploi industriel, ne manquent pas.
Pour assurer l’avenir de l’industrie nucléaire, l’Etat et les entreprises ne peuvent se contenter de la conclusion d’opérations financières et capitalistiques. C’est de vision industrielle de long terme guidée par une stratégie de puissance, une politique industrielle et une dynamique d’emplois et de compétences dont le nucléaire français a besoin. C’est là l’exigence de la CFE-CGC !