On soupçonnait Muriel Pénicaud ne pas être loin du coup de chaud, voire du burn-out à force d’écumer les plateaux de télévision et de radio. Finalement, son interview sur RTL lundi matin risque de nous donner raison… A moins qu’elle ne témoigne d’une certaine impréparation, voire d’une mise à l’écart par le gouvernement.
Il y a des matins où l’on se dit que l’on ferait mieux de rester coucher. Pas plus tard qu’hier, nous nous inquiétions déjà de voir Muriel jouer les pompiers de service et multiplier les rendez-vous sur les plateaux de télévisions et sur les ondes. Au point de risquer « le coup de chaud« .
Eh bien, force est de constater que l’on a eu raison. Une nouvelle fois invitée sur RTL pour commenter et détailler les mesures prises par le gouvernement pour augmenter le pouvoir d’achat des français, la ministre du travail s’est complètement embourbée lorsque sont venues les questions sur le SMIC et la prime d’activité.
Jamais sans mes fiches
Que ces presque quatorze minutes ont dû paraître longue à la ministre du travail. La séquence repérée par les journalistes de Quotidien ne manque pas de piquant. Alors que Muriel Pénicaud commence l’interview avec un large sourire, elle redevient beaucoup plus stoïque lorsque Elizabeth Martichoux lui demande si « l’arbitrage du week-end était une usine à gaz« . Une question balayée d’un revers de main par la ministre du Travail.
Seulement, il semblerait bien que les réformes annoncées par le président de la République n’étaient pas des plus préparées. En tous cas, la suite de l’interview montre que la ministre du Travail elle-même ne semble pas être la plus au courant de ces dernières.
C’est simple : les premières bafouilles apparaissent dès les premières questions sur la prime d’activité. Alors que la journaliste demande si tous les travailleurs au SMIC toucheront la prime d’activité, Muriel Pénicaud répond par l’affirmative tout en expliquant :
On va toucher les 100€ qui sont payés par l’Etat, pas par l’entreprise…Enfin il y a une partie par l’entreprise et une partie par l’Etat.
Muriel Pénicaud, ministre du Travail
Nous ne sommes qu’à deux minutes et trente secondes d’interview… Vous vous en doutez, la suite n’en est pas moins…savoureuse. En regardant l’intégralité de la vidéo, on frôle un sentiment de malaise. Lorsqu’Elizabeth Martichoux revient sur le planning et sur la date de mise en oeuvre de cette prime d’activité, elle rappelle qu’Emmanuel Macron avait annoncé que la mesure serait pour « fin janvier ». En réalité, elle ne sera prête qu’à partir du « 5 février ».
Mais là encore, Muriel Pénicaud va très largement s’emmêler les pinceaux, au point même de désavouer en direct le Président de la République.
Il n’a pas dit 1er janvier, il a dit début janvier, en janvier.
Muriel Pénicaud, ministre du Travail
Ca tombe bien, Emmanuel Macron ne parlait ni du 1er janvier, ni de début janvier… Heureusement que Muriel Penicaud a préparé ses fiches. Car oui, on peut voir durant toute la séquence que le regard de la ministre du Travail descend et lit ses fiches.
Un SMIC à 1 888€ !
Mais ce n’est évidemment pas tout, nous ne sommes qu’à la moitié de l’interview. Courage, ça risque encore de durer un peu… Comme avec cet échange absolument surréaliste où Muriel Pénicaud nous apprend que le SMIC est actuellement à … 1 888€ !
Muriel Pénicaud : Oui il y a la hausse légale du SMIC dans les 100€. Le SMIC passe à…euh…ça fait une petite partie. La plus grosse partie est dans la prime d’activité. Mais il y a la hausse légale du SMIC.
Elizabeth Martichoux : Qui s’établit à ?
Muriel Pénicaud : Le SMIC sera…finalement…à 1 204€. Il est aujourd’hui à 1 888€.
Vous l’aurez compris, l’interview complète est assez difficile à comprendre tant Muriel Pénicaud semble perdue face à ce qu’elle annonce. Entre bafouilles, propos repris et corrigés voire une désavouage en direct du Président de la République, ça devient compliqué.
Déjà, autour des 3 minutes 50, lorsque Muriel Pénicaud tentait d’expliquer quel genre de famille pourrait toucher cette prime d’activité, elle se perdait dans ses propos. Elizabeth Martichoux concluait sombrement par un : « bravo pour ceux qui s’y retrouvent. »
Du repos et encore du repos
Au final, de cette interview, plus que le fond, on en retient la forme. Et celle-ci n’est absolument pas convaincante. Mieux, elle questionne sur le rôle de Muriel Pénicaud dans la prise de position d’Emmanuel Macron. Cette dernière semble être de plus en plus mise de côté par le gouvernement.
On se rappelle notamment que Muriel Pénicaud affirmait haut et fort qu’il n’y aurait pas de coup de pouce au SMIC. Manque de chance, la première mesure annoncée par Emmanuel Macron était une hausse des bas salaires. Alors évidemment, certains argueront que le SMIC n’augmente pas stricto sensu mais que c’est la prime d’activité qui profite.
Alors que la France traverse depuis plusieurs semaines une crise sociale et politique profonde, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, fait partie des soldats gouvernementaux les plus souvent envoyés au front. Mais à la suite de cette interview « foirée » dans les grandes largeurs, on ne peut qu’espérer que la ministre du Travail profite des vacances pour se requinquer.